Galerie - Ventes aux enchères

RAPPORT 2025 D’ARTS ECONOMICS

La singularité du marché de l’art en France

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 10 avril 2025 - 443 mots

Malgré un recul de 10 % et des signes persistants de fragilité, le marché français est resté stable dans le classement mondial en 2024.

Bâle. Le marché de l’art affiche en France les mêmes contrastes qu’à l’échelle mondiale. Il a reculé de 10 % pour s’établir à 4,2 milliards de dollars. C’est moins que la baisse observée à l’échelle mondiale (– 12 %), mais plus que celle des États-Unis (– 9 %) et du Royaume-Uni (– 5 %). Il retrouve ainsi son niveau d’avant-Covid, après une année 2023 déjà morose (– 7 %). Malgré cela, sa part de marché est restée stable à 7 %, confirmant sa quatrième place dans l’échiquier mondial. Ce chiffre est cependant à relativiser, comme tous les indicateurs macroéconomiques issus du rapport de l’économiste Clare McAndrew, qui arrondit à l’entier supérieur.

Pourquoi la France, qui compte presque autant de grandes fortunes que le Royaume-Uni, est-elle à la traîne par rapport à son voisin d’outre-Manche ? D’autant que, selon un rapport de la banque UBS cité dans l’étude réalisée par Arts Economics, les grandes fortunes françaises allouent une part plus importante de leur patrimoine aux objets d’art (16 %) que les Britanniques (14 %) ou les États-Uniens (12 %). La réponse tient au fait que Londres est une plateforme internationale où achètent et vendent les grandes fortunes du monde entier, sans que les œuvres restent nécessairement au Royaume-Uni. C’est nettement moins le cas en France.

Cette faiblesse explique en partie la raison pour laquelle les ventes aux enchères ont un peu moins diminué (– 9 %) en 2024 qu’à l’échelle mondiale. Cela fait toutefois suite à une baisse de 10 % en 2023. Les adjudications en France dépassent rarement le million d’euros, un segment particulièrement touché par la baisse mondiale en 2024. Ainsi, la part des ventes publiques françaises dans le monde a progressé de un point, atteignant 10 % : une prouesse qui tient davantage au recul des concurrents qu’à une performance française.

Des galeries fragilisées mais résilientes

Comme ailleurs, le chiffre d’affaires des galeries françaises a moins reculé (4 %) que celui des ventes publiques. Mais cette résistance relative ne signifie pas que le secteur est florissant. Ainsi, 24 % des galeries déclarent ne pas avoir retrouvé leur niveau de 2019, un signal préoccupant. En revanche, 26 % des marchands ayant un chiffre d’affaires « important» rapportent une meilleure profitabilité, ce qui va à l’encontre des tendances observées au niveau international.

Dans l’ensemble, les galeries françaises se montrent plus optimistes que leurs consœurs étrangères, du moins dans leurs réponses au questionnaire envoyé par Arts Economics. Seules 5 % anticipent une baisse de leur chiffre d’affaires en 2025, ce qui signifie que 95 % s’attendent à une hausse ou au moins à une stabilité. S’attendent ou espèrent ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°653 du 11 avril 2025, avec le titre suivant : La singularité du marché de l’art en France

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