Ventes aux enchères

ENTRETIEN

Thomas Seydoux : « Je pense que l’année 2025 ne sera pas pire que 2024 »

Conseiller en art impressionniste et moderne

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 27 février 2025 - 618 mots

Selon le spécialiste, les maisons de ventes ont compris comment s’adapter aux évolutions structurelles du marché.

Thomas Seydoux. © Quentin Houdas - 2022
Thomas Seydoux.
© Quentin Houdas
Où en est le marché en ce début d’année 2025 ?

Le marché est cyclique et nous sommes un peu au creux de la vague. Il est vrai que nous sortons d’une année difficile : la guerre en Palestine, celle en Ukraine, les élections américaines qui ont fait que les Américains étaient un peu « tergiversants », les Chinois absents (à cause de la crise immobilière et de la situation en Chine), l’Europe peu vendeuse car concernée par les problèmes du monde, ont rendu le climat complexe. Aussi, en dehors des successions, les vendeurs n’étaient pas très motivés – un climat serein et porteur est un des éléments essentiels pour qu’ils se décident à vendre.
Avoir un seul tableau qui dépasse les 100 millions de dollars [une toile de la série « L’Empire des lumières », 1957, de René Magritte, adjugée pour 121 millions de dollars (114 M€) chez Christie’s New York en novembre 2024, ndlr], et une flopée de tableaux au-dessus de 20 millions qui se vendent sur une seule enchère ou sur la garantie, montre un ralentissement de la gamme de prix pour le haut du panier – aujourd’hui entre 50 et 100 millions de dollars. Heureusement, les garanties ont soutenu le marché, parfois à bout de bras, et ont permis d’obtenir des résultats convaincants en cette période difficile. Aussi, pour 2025, il va falloir être prudent. Je pense qu’on maîtrise bien l’aspect cyclique du marché et que les maisons de ventes ont compris ce qui fonctionne. En effet, le marché est en train de changer structurellement, c’est-à-dire que les noms de référence – Matisse et les années fauves, Pissarro, Sisley…–, quand Picasso et Monet ont obtenu des prix moins solides, ne sont plus gages de résultats. Nous allons sans doute assister à des estimations sérieusement révisées, notamment pour les noms qui sont moins sur le devant de la scène. Mais nous risquons d’avoir plutôt de bonnes surprises car avec un niveau d’estimation plus conservateur, nous allons certainement pouvoir récupérer des enchérisseurs. En revanche, les vendeurs n’ont pas encore assimilé les nouveaux codes du marché. C’est difficile d’accepter une estimation de 1,5 million d’euros quand vous pensiez que votre tableau en valait 2 ou 2,5.
 

Quelques préconisations pour que le marché traverse 2025 sans trop de vagues ?

Il faut d’abord que le président américain nouvellement élu donne des résultats positifs de l’économie. Je crois que cela va être le cas, que l’économie américaine va ramener les acheteurs américains sur le devant de la scène. Ensuite, espérons que des successions importantes (des estates) apparaissent sur le marché. Ceci pourrait conduire à des résultats plus solides sur lesquels il pourrait se reconstruire. Je ne crois pas trop à des vendeurs qui voudraient saisir une opportunité, et servir de cobaye en tentant en premier un retour sur le marché, en tout cas pas dans la première moitié de 2025. En plus, avec une succession, on peut être beaucoup plus flexible sur les estimations, plus à l’écoute du marché. Le retour de la Chine serait souhaitable, le retour de l’Europe aussi, mais pas dans les premiers six mois.
Pour les galeries, je me demande comment elles font, avec une structure aussi lourde à porter, de grosses charges, les coûts extravagants des foires et une nécessité d’être présent aux quatre coins du monde. Peut-être que les foires pourraient contribuer, avec des coûts moindres, ou peut-être faudrait-il des foires plus modestes ? Néanmoins, je reste quand même positif pour 2025. Cela ne veut pas dire : « retour du marché et feu d’artifice » – comme en 2021 –, mais je pense que ce ne sera pas pire que 2024.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°649 du 14 février 2025, avec le titre suivant : Thomas Seydoux, conseiller en art impressionniste et moderne : « Je pense que L’année 2025 ne sera pas pire que 2024 »

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