NEW YORK / ÉTATS-UNIS
Le marchand s’est fait pirater son portefeuille virtuel et voler 15 jetons de la célèbre série « Bored Ape Yacht Club ».
C’est un casse d’un nouveau genre. Le 30 décembre dernier, dans une série de tweets, le galeriste new-yorkais Todd Kramer de la galerie Ross+Kramer lançait un appel à l’aide désespéré pour récupérer les 15 jetons non-fongibles ou NFT qui venaient de lui être dérobés de son portefeuille virtuel : « J’ai été piraté. Tous mes singes envolés ». Ces 15 NFT, d’une valeur totale de 2,2 millions de dollars (1,9 million d’euros), correspondaient à des œuvres appartenant aux séries « Bored Ape Yacht Club » et « Mutant Ape Yacht Club », des images amusantes de singes créées à l’origine pour servir de billets à un club social en ligne.
Le galeriste explique avoir cliqué sur un lien malveillant dans un message d’apparence officielle qui cachait en réalité une arnaque. Cette pratique de « hameçonnage », grand classique du piratage en ligne, a déjà fait plusieurs victimes parmi les collectionneurs de NFT ces derniers mois mais jamais encore pour une telle somme. Comme beaucoup, Todd Kramer utilisait un « hot wallet », un portefeuille entièrement virtuel constamment connecté à Internet. « J’ai appris ma leçon, a-t-il ajouté. J’utiliserai maintenant un "hard wallet" », un portefeuille physique semblable à un disque dur externe sur lequel on peut stocker ses NFT de manière plus sûre.
Le voleur a aussitôt vendu plusieurs des 15 jetons mal acquis avant que la plateforme d’échange de NFT OpenSea n’intervienne pour en geler le commerce. À la suite de ses tweets devenus viraux, le galeriste est parvenu à récupérer plusieurs de ses jetons avec l’aide de certains acheteurs d’OpenSea et de quelques internautes habiles. Devant l’avalanche de moqueries et de critiques, il s’est cependant résolu à retirer ses messages : certains lui reprochaient son manque de précaution, d’autres critiquaient l’intervention d’OpenSea dans ce qu’ils considèrent comme un marché décentralisé sans autorité régulatrice.
« Des épisodes comme celui-ci révèlent une ligne de fracture importante dans la communauté des crypto-monnaies, commente John Sharples, avocat spécialisé en propriété intellectuelle et spécialiste des NFT. Certains disent que l’opportunité d’une gestion autonome appelle la responsabilité d’un apprentissage autonome et que ceux qui commettent des erreurs doivent en tirer les leçons eux-mêmes. D’autres disent que cela montre un besoin pour davantage de régulation e /ou de meilleurs systèmes d’alerte et d’interfaces utilisateur ».
Preuve de l’ampleur que prennent les NFT au sein du marché de l’art, les 10 000 pièces de la série « Bored Ape Yacht Club » ont franchi le 4 janvier dernier la barre symbolique du milliard de dollars (890 millions d’euros) de ventes. Ces images de singes sont devenues un véritable phénomène d’Internet après que de nombreuses célébrités s’en soit portées acquéreuses. Parmi les premiers, le rappeur Eminem avait acheté l’an dernier Bored Ape #9055, un singe orné d’or, pour 462 000 dollars (410 000 euros).
Ce 6 janvier, c’est le tweet supprimé de Todd Kramer qui est lui-même devenu un NFT. Il a refait surface sur OpenSea, vendu par un utilisateur du nom de « CarbonPaper » pour 0,05 Ethereum (une monnaie virtuelle) soit 150 euros. Les enchères sont ouvertes.
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Le galeriste Todd Kramer perd 2,2 millions de dollars de NFT à la suite d’une escroquerie
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