Avec un 16e espace ouvert récemment à Madrid, le président et fondateur d’Opera Gallery est désormais à la tête d’un des plus grands réseaux de galeries au monde – qui fêtera ses 30 ans l’an prochain.
Vous venez d’ouvrir un 16e espace, cette fois à Madrid. Disposer d’autant d’espaces, cela fait partie de votre stratégie ? Quelle est-elle au juste ?
Le but avec tous ces espaces est de pouvoir montrer les artistes que nous présentons dans le monde entier. Plus nous ouvrons d’espaces, plus il y a une synergie à travers les différentes galeries.
Plus précisément, que proposez-vous dans vos galeries ?
Nous couvrons un peu tous les courants du XXe : très peu d’art impressionniste mais beaucoup d’art moderne, d’art d’après-guerre – essentiellement d’artistes français, comme Soulages, Dubuffet et Hartung – jusqu’au pop art américain. Concernant l’art contemporain, nous avons des artistes iconiques du second marché et, depuis quatre ou cinq ans, nous présentons des artistes avec qui nous travaillons directement, comme Manolo Valdés, Jean-Charles Blais (qui vient d’intégrer la galerie) ou encore des artistes coréens.
Votre offre varie-t-elle en fonction des lieux ?
Oui. Les gens n’ont pas forcément les mêmes goûts à New York qu’à Dubaï, ou Hong Kong. À Dubaï par exemple, où nous avons récemment ouvert un deuxième espace, nous ne pouvons pas exposer de sculptures de Botero représentant une femme nue. Mais ces contraintes sont rares et, globalement, on ne s’interdit absolument rien.
Pourquoi avoir choisi Madrid ?
Cela s’est fait un petit peu par hasard. Nous travaillons avec Manolo Valdés, un artiste contemporain espagnol qui vit à New York depuis vingt-cinq ans. Il m’a dit qu’il avait beaucoup de demandes de Madrid et m’a conseillé d’y ouvrir un petit bureau. Je m’y suis rendu et j’ai adoré la ville. J’ai senti un potentiel important. Beaucoup de collectionneurs espagnols ont acheté chez nous depuis vingt-cinq ans et ils sont essentiellement basés à Madrid. Il y a aussi de nombreux Sud-Américains qui y vivent ou qui y ont une résidence secondaire. De plus, l’économie de Madrid se porte très bien. L’exposition inaugurale était autour de Picasso, à l’occasion du cinquantenaire de sa mort, avec une quinzaine d’œuvres de lui et d’autres artistes espagnols, qui se sont inspirés un peu du maître (Saura, Valdés, Juan Genovés, Botero…). À l’étage supérieur, nous exposons Chagall, Soulages, Haring… Nous avons eu beaucoup de monde pour l’ouverture.
Comment choisissez-vous les villes où vous implanter ?
En général, nous nous installons là où il y a un potentiel important de collectionneurs. Ce sont essentiellement des capitales financières et/ou culturelles. Toutes nos galeries sont installées dans des endroits stratégiques et privilégiés, de grands espaces qui ouvrent sur des artères dédiées au luxe, ce qui nous permet d’attirer de nouveaux collectionneurs. Nous avons un plan de développement assez important dans les années à venir, peut-être au Japon, au Portugal, mais nous n’avons encore rien signé.
Seize espaces, qu’est-ce que cela représente en termes de chiffres ?
Nous avons 95 employés et, en 2022, nous avons enregistré un chiffre d’affaires de 225 millions d’euros. Entre 30 et 70 à 80 œuvres sont présentées dans chacune des galeries, pour des prix oscillant entre 50 000 et 10 millions d’euros, mais notre cœur de cible se situe plutôt entre 200 000 et 1 million d’euros. Il y a beaucoup de travail, car nous organisons entre 100 et 120 expositions par an. Nous sourçons nos œuvres de second marché dans des collections privées, ventes aux enchères, courtiers, successions, avocats, banques. Nous rachetons régulièrement nos tableaux à nos clients qui les ont achetés il y a longtemps. Et, concernant nos acheteurs, il n’y a pas de nationalité qui sorte du lot, c’est assez équilibré. La majorité de nos clients sont des collectionneurs privés, mais nous vendons aussi à des sociétés, des institutions et des fondations.
L’an prochain, vous fêterez vos 30 ans. Comment a évolué le marché dans ce laps de temps ?
Il y a eu beaucoup de changements, ne serait-ce qu’avec Internet. Le marché est beaucoup plus transparent, et les collectionneurs sont beaucoup plus avertis. Aujourd’hui, le marché est mondial : auparavant, c’était essentiellement les Américains et un peu les Européens et Japonais qui achetaient, mais désormais, nos plus gros collectionneurs sont indiens, chinois ou viennent du Moyen-Orient... Et aussi, beaucoup de gens achètent de l’art avec comme perspective d’investir, ce qui n’était pas le cas avant.
Pour le moment, le marché tient bien malgré l’inflation, la guerre et certaines tensions économiques. Si cela tient, c’est parce que c’est un marché global et qu’il y a beaucoup, beaucoup d’argent – il a atteint 70 milliards de dollars en 2022 !
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Gilles Dyan : « Plus nous ouvrons d’espaces, plus il y a de synergie entre les différentes galeries »
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°766 du 1 juillet 2023, avec le titre suivant : Gilles Dyan : « Plus nous ouvrons d’espaces, plus il y a de synergie entre les différentes galeries »