Fernando Botero, né en 1932 à Medellín (Colombie), est un paradoxe. Aimé du grand public, son style, avec ses gros personnages traités en aplats de couleur, est immédiatement identifiable, mais snobé, voire méprisé, par l’intelligentsia qui, systématiquement, l’écarte d’une histoire de l’art linéaire.
Serait-il trop populaire pour être considéré à sa juste valeur ? Sans aucun doute. Aussi, ne peut-on que saluer l’initiative audacieuse du BAM de consacrer, sous la houlette de la commissaire Cecilia Braschi, une vaste rétrospective – la toute première en Belgique – à cet artiste célèbre dans le monde entier. Car cela permet de le redécouvrir, non seulement « au-delà des formes » (pleines et exubérantes), titre donné à l’événement, mais également des clichés. Réunissant 120 œuvres (toiles, dessins, sculptures) au sein du musée, plus une sculpture monumentale exposée sur la Grand-Place de Mons, cette manifestation d’envergure, bénéficiant de prêts d’institutions prestigieuses, comme le Guggenheim à New York, ainsi que de collections privées internationales, permet aux visiteurs de prendre toute la mesure d’un art dont l’étonnante simplicité, accessible universellement, abrite en fait, et ce dès ses recherches plastiques de jeunesse, un complexe syncrétisme entre culture savante et populaire, sacré et profane, références latino-américaines et européennes. Alors, bien sûr, ses tableaux iconiques de la maturité, affichant une galerie de personnages opulents et de nombreux clins d’œil à l’art, de Van Eyck à Bonnard via Courbet, sont là. Mais l’on découvre également un Botero plus méconnu, bien plus sombre. Comme celui qui n’hésite pas à témoigner en peinture des injustices de son époque, à l’instar de sa série d’œuvres percutantes réalisées en 2005 pour dénoncer les tortures d’Abou Ghraib. Au final, on se dit que Fernando Botero a tout à fait sa place dans l’art d’aujourd’hui, à savoir celle d’un marginal qui, loin des effets de mode d’une création ignorante du passé, dépeint depuis plus de soixante-dix ans, sans jugement moral, notre société dans toute sa trivialité majestueuse.
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Bonjour Monsieur Botero
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°750 du 1 janvier 2022, avec le titre suivant : Bonjour Monsieur Botero