L’artiste colombien, auteur de la célèbre sculpture « La Colombe de la paix », toute en rondeur, est décédé le 15 septembre dernier.
Bogotá, Colombie.« Le plus grand artiste colombien de tous les temps est mort. » Vendredi 15 septembre, El Tiempo, le quotidien colombien de référence annonçait la disparition, à 91 ans, de Fernando Botero, ce peintre, dessinateur et sculpteur qui, au fil de ses soixante-dix ans de carrière, a imposé son style figuratif tout en disproportion et en jeux de volume, le botérisme.
Fernando Botero a vu le jour à Medellín, dans le centre du pays, en 1932, fils d’un commerçant et d’une couturière. S’imaginant torero, il se distingue plutôt dès l’adolescence par ses illustrations pour des journaux et son intérêt pour les grands maîtres européens, dont Pablo Picasso et Georges Braque. À 19 ans, ses premiers pas d’artiste dans la capitale, Bogotá, sont salués. Il gagne un prix et s’envole pour l’Europe. Espagne, Paris, et l’Italie où il se passionne pour le Quattrocento et étudie les grands maîtres de la Renaissance, de Piero della Francesca à Paolo Uccelo, Masaccio et Giotto.
C’est en 1956 que le jeune artiste trouve son trait artistique, sa patte. Jouant avec son crayon dans un parc au Mexique, Botero dessine une mandoline et décide de ne représenter son centre que par un petit trou, disproportionné. En pleine réflexion sur la représentation des volumes, et l’étude de l’art précolombien et des grands muralistes mexicains, il expérimente. « Ce fut comme si j’avais traversé une porte pour entrer dans une autre pièce », témoigne-t-il. Entre intuition, inclination et conviction, le style de Fernando Botero était né. « Pour moi, le volume est une exaltation de la présence ou de l’existence des choses, […] de la sensualité, de la nature. C’est une opportunité de se donner de grandes étendues de couleur », confie-t-il en 2012.
Dès les années 1950-1960, en plein triomphe de l’abstraction dans l’après-guerre américain, Botero s’enhardit dans ce mouvement dit en Amérique latine de la Nouvelle figuration. Chez lui, la dilatation des formes résulte d’un travail d’imagination vis-à-vis d’une réalité tour à tour inspirée de toiles de maîtres – peignant à sa manière une Mona Lisa ou une Ménine de Vélasquez – ou des scènes populaires du quotidien colombien, entre tuiles de toits ocre, nus féminins et masculins, figures épiscopales ou maritales, actes de violence endémiques ou natures mortes emphatiques.
L’accueil critique est fluctuant d’une décennie à l’autre, mais les ventes et la cote internationale de l’artiste ne cessent de progresser. Comme le confie le critique d’art colombien, Alvaro Medina, au Journal des Arts, « ce qui a rendu [son] artsi populaire, c’est qu’il est parfaitement original, avec ses propres thèmes, son propre langage, il est reconnaissable. Et, à la différence d’autres grands maîtres, l’art de Botero est simple d’accès. »
Dès les années 1970, l’artiste qui revendique l’acte de « mettre l’art dans la rue » se lance dans la création de sculptures, souvent en bronze, aux formes sensuelles et sphériques. Si on les retrouve sur les places publiques du monde entier, c’est chez lui en Colombie que Botero a voulu laisser son empreinte la plus forte, avec la donation de centaines d’œuvres, signées de lui ou issues de sa collection d’art moderne et contemporain, à Bogotá et dans sa ville de Medellín, où 23 sculptures célèbrent toujours son nom.
Fernando Botero sera enterré aux côtés de son épouse, la sculptrice grecque Sophia Vari – décédée en mai dernier –, à Pietrasanta, en Italie.
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Fernando Botero (1932-2023)
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°617 du 22 septembre 2023, avec le titre suivant : Fernando Botero (1932-2023)