Art contemporain

Pas de régime pour Botero

Par Guillaume Morel · L'ŒIL

Le 1 janvier 2004 - 408 mots

En 1992, les imposantes sculptures de Fernando Botero (né en 1932 en Colombie) envahissaient l’avenue des Champs-Élysées. 

Une monumentalité que l’on retrouve aujourd’hui dans ses peintures et dessins récents, présentés sur les cimaises du musée Maillol, qui offrent l’occasion de rappeler que c’est d’abord en tant que peintre que Botero s’est révélé au public, au cours des années 1950. Ses goûts artistiques se portent, dès le début, vers la peinture ancienne ; lorsqu’il découvre à Madrid les œuvres de Vélasquez et de Goya au musée du Prado, c’est un éblouissement. « J’ai appris mon métier dans les musées », se plaît-il à dire lors de l’entretien avec Bertrand Lorquin publié dans le catalogue, et son œuvre ne cesse de faire référence au Quattrocento, en particulier à la peinture de Piero della Francesca (interprétation du Portrait de Battista Sforza présenté dans l’exposition) qu’il admire pour « la plénitude de la forme, l’organisation de l’espace et l’harmonie chromatique parfaite ». Que l’artiste réinterprète de grands chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art, qu’il se penche sur des sujets dramatiques comme la violence en Colombie, qu’il peigne Adam et Ève ou une Danseuse à la barre dont le poids ne semble pas être un obstacle à la grâce, son style tout en rondeurs ne change jamais. Une constance admirable dans sa maîtrise d’une technique léchée, irréprochable dans son fini, à laquelle il est toujours resté fidèle. Obsédé par le volume et le gonflé qui font que ses figures opulentes semblent à l’étroit dans le cadre étriqué d’un tableau, Botero n’a jamais été tenté par l’abstraction ni les différents mouvements qu’il a traversés. D’autres influences nourrissent pourtant son œuvre, notamment l’art précolombien et l’art populaire. Depuis toujours, le monde de Botero est habité de personnages monumentaux, dans ses peintures comme dans ses dessins, avec un goût avoué pour le burlesque – L’Exposition Botero ou La Salle de bain, qui montre une femme énorme essorant ses cheveux sur un tout petit chien –, qui convient certainement mieux au style de l’artiste que ses peintures aux sujets plus graves – Massacre en Colombie, 2000, ou Séquestré, 2002 –, conservées au musée national de la Colombie, à Bogota, où le décalage entre la réalité de la situation décrite et le caractère grotesque des figures ne fonctionne pas forcément.

« Botero, œuvres récentes », PARIS, musée Maillol, 59-61 rue de Grenelle, VIIe, tél. 01 42 22 59 58, 7 novembre-15 mars, cat. Hazan/musée Maillol, 168 p., 35 euros.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°554 du 1 janvier 2004, avec le titre suivant : Pas de régime pour Botero

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