PARIS
Avec près de 25 millions d’euros pour le Panier de fraises des bois de Jean-Siméon Chardin, Artcurial enregistre un record historique pour sa session de Maîtres anciens et du XIXe siècle.
Paris. Le mercredi 23 mars, devant une salle comble, Artcurial orchestrait sa première session de l’année en matière de tableaux anciens et du XIXe siècle, comprenant également des dessins et sculptures. En tout, elle a récolté 31,7 millions d’euros – son plus haut total depuis la création de la maison en 2002, hors voitures de collection. Et pour cause, la vacation comportait un chef-d’œuvre de la peinture occidentale, Le Panier de fraises des bois, de Jean-Siméon Chardin (v. 1761, voir ill.) provenant de la collection Marcille et adjugé 24,4 millions d’euros.
Les enchères ont débuté à 9 millions d’euros, pour atteindre, cinq minutes plus tard, les 20,5 millions d’euros au marteau. La bataille s’est uniquement déroulée dans la salle, entre plusieurs marchands et c’est le New-yorkais Adam Williams qui a remporté le tableau pour un collectionneur américain. À ce prix, la toile devient l’œuvre la plus chère adjugée de l’artiste, dépassant le précédent record détenu par La Fontaine que Christie’s Paris avait vendue 7,1 millions d’euros en novembre dernier et qui était issue de la même collection. Elle devient également le record du monde pour un tableau français du XVIIIe siècle vendu aux enchères, le record pour un tableau ancien en France – au-delà du Cimabue cédé 24,2 millions d’euros en 2019 – et bien sûr la plus haute adjudication pour une œuvre d’art enregistrée chez Artcurial.
Le secret de ce succès ? « C’est de voir, croire, comprendre et organiser. C’est un travail d’équipe formidable entre Éric Turquin et moi-même. C’est un tableau que nous avons aimé, avec lequel nous avons eu une vraie rencontre. Bien sûr, c’est un chef-d’œuvre mais c’est une banalité de le dire. Chaque collectionneur averti à qui nous le montrions nous rétorquait, mais j’étais sûr qu’il était dans un musée ! Et non, ce tableau était un trésor gardé précieusement par les héritiers Marcille », a commenté Matthieu Fournier, chef du département des tableaux anciens chez Artcurial.
Le Louvre n’a pas préempté le tableau – il possède déjà un tiers des œuvres du peintre – tandis que le certificat d’exportation, demandé récemment, n’a pas encore été délivré. S’il était refusé, le tableau serait considéré comme « trésor national » pendant trente mois au cours desquels l’État pourrait se substituer à l’adjudicataire. S’il ne se manifeste pas, le tableau pourra quitter le territoire français à l’issue de ce délai.
D’autres beaux prix ont été enregistrés au cours de la soirée, à l’instar d’un élément de prédelle provenant d’un retable exécuté par Bernardo Daddi pour la basilique Santa Maria Novella de Florence et représentant saint Dominique ressuscitant le jeune Napoleone Orsini (vers 1320). Redécouvert fortuitement dans un grenier, il a été adjugé 1,3 million d’euros. Un record du monde a été enregistré pour La Mer de glace et les Grands Charmoz, Chamonix, 1874, de Gabriel Loppé (419 840 €), préempté par le Musée alpin de Chamonix. La vacation comprenait également huit lots issus de la collection Edmonde Charles-Roux qui sont partis pour 400 000 euros. Elle se composait d’un ensemble d’œuvres de Jean-Baptiste Vanmour (1671-1737), dont Nouvelle arrivée au harem, vendue 104 960 euros.
Pour Matthieu Fournier, « cette vente restera le record du monde d’un travail d’équipe au service des tableaux anciens ».
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Chardin couronné chez Artcurial
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°586 du 1 avril 2022, avec le titre suivant : Chardin couronné chez Artcurial