PARIS
Le musée lance un appel aux dons pour acquérir Le Panier de fraises. LVMH finance déjà les deux tiers des 24,4 M€ demandés.
Le Louvre possède déjà le plus important ensemble au monde de natures mortes de Jean Siméon Chardin (1699-1779), soit quarante et une œuvres. Mais « ce n’est pas un Chardin de plus », explique Laurence des Cars, présidente directrice du musée, lors du lancement de la 14e campagne de financement participatif « Tous mécènes ! ». « C’est le Chardin manquant ! » Le groupe de luxe, LVMH, s'est déjà engagé à financer les deux tiers du montant nécessaire, soit environ 15 millions d'euros sur les 24,4 millions d'euros demandés par l’acheteur.
Le Panier de fraises des bois est une nature morte réalisée par Chardin en 1761, à l’apogée de sa carrière. Elle représente une pyramide de fruits rouges dans un panier en osier, accompagnée d'un verre, d’œillets blancs, de deux cerises et d'une pêche. Exposé pour la première fois au Salon carré du Louvre en 1761, le tableau a ensuite appartenu à la même collection privée française, celle des descendants du grand collectionneur Eudoxe Marcille (1814-1890), depuis le milieu du XIXe siècle.
Le Louvre rêve d’acquérir ce chef-d’œuvre depuis des décennies ; mais lorsqu’il est mis aux enchères chez Artcurial en mars 2022, le musée parisien est pris de court. D’une authenticité indiscutable et présentant un état de conservation exceptionnel, le tableau a été adjugé pour 24,4 millions d’euros au Kimbell Art Museum, situé à Fort Wirth, au Texas, empêchant le Louvre d’exercer son droit de préemption en raison de son budget d'acquisition limité à 13 millions d'euros par an. Le ministère de la Culture a alors suspendu la vente et bloqué l’exportation du tableau en lui attribuant le label de « trésor national ».
L’État dispose de trente mois pour réunir la somme. Pour y parvenir, le Louvre a lancé mardi 7 novembre une souscription publique dans le cadre de son opération annuelle « Tous mécènes ! ». L’objectif : recueillir 1,3 million d’euros grâce aux dons du public, pour compléter les 15 millions apportés par LVMH. Un don à hauteur de 500 000 euros de la Société des Amis du Louvre, ainsi que le soutien de deux autres entreprises françaises qui ont souhaité rester anonymes, viennent également alléger le montant de la souscription nationale. Les entreprises bénéficient d'une défiscalisation de 90 % de leurs dons.
Depuis sa première édition en 2010, la campagne « Tous mécènes ! » a permis de restaurer et d'acquérir de nombreuses œuvres d'art majeures. Par exemple, elle a rendu possible l'entrée dans les collections du musée des Trois Grâces (1531) de Lucas Cranach l'Ancien et la restauration de la Victoire de Samothrace, une sculpture datant de 190 avant J.-C.