L’État a présenté un plan d’ensemble visant à favoriser l’image, la formation et l’écosystème d’une filière en tension.
Paris. Le plan tant attendu a été dévoilé lors d’une présentation au Mobilier national, à Paris, le 30 mai. Pour promouvoir les métiers d’art, un investissement de 340 millions d’euros sur trois ans a été annoncé par la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, et sa collègue Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme. L’alliance entre les deux portefeuilles est inédite, d’autant qu’elle est soutenue par des acteurs publics comme privés (y ont participé, entre autres, l’Institut national des métiers d’art, les chambres de métiers et de l’artisanat, le Mobilier national, le Comité Colbert et la Fondation Bettencourt-Schueller).
Enjeux culturels et pérennité économique sont indissociables dans ce secteur, qui représentait 19 milliards d’euros en 2019. Une somme qui n’empêche pas l’artisanat d’art d’être sous tension. Pour que la relève soit assurée, les vocations comme les formations sont encore trop peu nombreuses. C’est là qu’intervient le plan Métiers d’art, dont l’objectif est de structurer le secteur en une véritable filière pour l’emploi.
À commencer par la valorisation, auprès des futurs professionnels, des 281 métiers de la main recensés en France. Pour susciter des vocations, 1 000 places de stage de 3e seront ouvertes et disponibles sur le site monstagedetroisieme.fr, dès l’année prochaine. Un cahier pédagogique écrit par l’Onisep et l’association De l’or dans les mains sera aussi distribué aux élèves. Le Mobilier national a d’ores et déjà mis en place des ateliers pédagogiques « Le Petit Mob’ », pour faire découvrir aux 6-14 ans les ateliers des manufactures. Pour les 15-19 ans, 730 nouvelles activités initiant aux métiers d’art sont désormais proposées dans le Pass culture.
Il reste le plus important : adapter l’offre de formation. Si les grandes maisons de luxe ont développé leurs propres centres de formation, l’offre publique doit, elle, évoluer. La réforme des lycées professionnels lancée début mai par Emmanuel Macron devrait augmenter le nombre d’heures de stages professionnels, alors que le diplôme national des métiers d’art et du design (DN MADE) avait réduit la pratique en atelier. L’État prévoit aussi de verser une allocation aux étudiants, pouvant s’élever jusqu’à 2 100 euros pour trois ans, durant les périodes de formation en entreprise. Enfin, le budget du dispositif « Maître d’art-élèves », favorisant la transmission des savoir-faire rares, est sur le point d’être doublé. Il est à noter que pour assurer la conservation de certaines techniques ancestrales menacées de disparition car peu ou plus enseignées, une banque des gestes numériques sera constituée.
Une fois formés, ces futurs professionnels pourront bénéficier d’une Allocation d’installation d’atelier (AIA) ou d’achat de matériel. Cependant, le crédit d’impôt Métiers d’art (qui représente près de la moitié du budget total du plan, soit 150 millions d’euros) restera réservé aux 1 500 entreprises labellisées « Entreprises du Patrimoine Vivant » (EPV). Le plan ne changera donc pas la situation des 80 % de travailleurs indépendants du secteur ne pouvant prétendre au label, faute d’une structure assez importante. Ceux-ci pourront en revanche tirer parti des dix manufactures de proximité mises en place dès 2024, sur tout le territoire français. Ces ateliers partagés permettront aux artisans de se regrouper en communautés, et leur donneront accès à des outils trop coûteux pour un investissement individuel.
Le plan, financé en partie par le plan France 2030, allouera au total 46,8 millions d’euros à la création de ces pôles régionaux consacrés à la création. Toutefois, pour le gouvernement, le développement du secteur ne se limite pas à l’Hexagone. 60 millions d’euros seront destinés au soutien à l’export des entreprises culturelles, et à la valorisation de la filière à l’international… 42 millions sont d’ores et déjà attribués au pavillon français de l’Exposition universelle d’Osaka au Japon où, en 2025, seront mis en valeur les métiers d’art tricolores.
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340 millions d’euros pour promouvoir les métiers d’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°613 du 9 juin 2023, avec le titre suivant : 340 millions d’euros pour promouvoir les métiers d’art