La Cité de la céramique et le Mobilier national pourraient s’unir sous la forme d’un pôle public, afin de structurer la filière des métiers d’art.
France. Le plan gouvernemental pour soutenir les métiers d’art, annoncé en mai dernier, se veut ambitieux. Une enveloppe de 340 millions d’euros est destinée à structurer la filière dans l’intégralité de ses ramifications, de ses formations à sa place à l’international, en passant par son attractivité. Afin de pouvoir mettre en œuvre ce plan, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a chargé, dès octobre 2022, le directeur du Mobilier national, Hervé Lemoine, d’étudier les moyens de coopérations possibles entre son institution et la Cité de la céramique – Sèvres & Limoge.
Dans son rapport, rendu au début du mois de septembre, Hervé Lemoine met en valeur la complémentarité des deux manufactures, dont les compétences pourraient être partagées au sein d’un pôle public inédit. « Il s’agit de réunir dans une stratégie commune deux établissements qui conserveront leur identité », précise-t-il. Cette identité est d’abord marquée par le caractère public des structures, alors que le mouvement de valorisation des métiers d’art semble jusqu’à présent porté exclusivement par des groupes de luxe. « L’action de ce pôle public se devra d’être complémentaire de celle du secteur privé, confirme le directeur du Mobilier national. En reposant sur le prestige des plus célèbres et anciennes manufactures de l’État, [cette future entité] doit pouvoir jouer un rôle de faire-valoir indispensable pour mieux faire connaître ces métiers. »
Dans cette optique, cette entité devrait être constituée à la fois des manufactures et des ateliers, qui condensent près de quatre siècles d’histoire, mais aussi des musées nationaux et des collections du Mobilier national et de la Cité de la céramique. « Les musées et collections, à l’image de celles des musées de Sèvres, peuvent servir de sources d’inspiration pour les artistes actuels, insiste le directeur du Mobilier national. Beaucoup de jeunes ignorent la richesse [de ces métiers], à nous de les leur faire découvrir. »
La formation des futurs professionnels est d’ailleurs l’un des axes majeurs dans la construction de l’institution à venir. Hervé Lemoine insiste sur l’importance de proposer une offre adaptée aux métiers orphelins (ceux dont la transmission a cessé), alors que les parcours d’apprentissage existants sont dispersés et encore trop peu connus du public. Il indique que « sur les 281 métiers d’art, 56 sont représentés au Mobilier national et à la Cité de la céramique, qui en rassemblent, de fait, un nombre très important». La réunion des établissements faciliterait donc la création d’un CFA (centre de formation des apprentis) unique, ouvert aux métiers orphelins ou en tension (comme le tissage textile ou l’orfèvrerie de table), ce qui harmoniserait l’ensemble des formations.
En plus de constituer une référence pour la formation, ce pôle des métiers d’art pourrait également aider à soutenir économiquement le secteur. En mobilisant la commande publique dans le but de favoriser les relocalisations d’activité, en sécurisant les filières d’approvisionnement des matières premières et en encourageant les réseaux d’artisanat d’art sur le terrain, l’État pourrait intervenir en amont, là où certaines entreprises privées sauvent des ateliers d’excellence en difficulté en les rachetant. Toutes ces mesures, mises en place grâce aux réseaux et aux moyens matériels de la Cité de la céramique et du Mobilier national, permettront aussi une meilleure promotion du « made in France ». D’ici 2025, Hervé Lemoine contribuera également à l’émergence d’un comité stratégique de filière, afin de renforcer cette démarche.
En attendant, le directeur du Mobilier national a proposé au gouvernement deux schémas d’organisation pour le pôle public des métiers d’art : une association des deux établissements dans laquelle les instances de gouvernance seraient imbriquées, ou leur réunion en une seule structure. La balle est dans le camp du gouvernement, sur le point de réunir deux fleurons du savoir-faire français qui n’ont pourtant réalisé, en 70 ans, que deux projets communs.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les manufactures nationales vont s’associer pour valoriser les métiers d’art
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°617 du 22 septembre 2023, avec le titre suivant : Les manufactures nationales vont s’associer pour valoriser les métiers d’art