Métiers d’art. La « stratégie nationale en faveur des métiers d’art » est bien ficelée, mais elle risque malheureusement d’être insuffisante.
Pas moins de deux ministères ont présenté un ensemble de mesures en général pertinentes, s’attachant à cibler tous les compartiments de la filière : de la formation à la promotion internationale en passant par la mutualisation des outils.
Ce plan vient renforcer les soutiens anciens et solides dont bénéficie le secteur. Les industries du luxe qui ont besoin d’artisans pour fabriquer leur maroquinerie haut de gamme sont très aidantes tandis que de nombreux mécènes (Fondation Bettencourt Schueller...) distribuent généreusement aides et prix. Le principal syndicat – Les ateliers d’art de France – dispose de revenus confortables et le secteur jouit d’une sympathie active des parlementaires.
Le problème est que la filière ne manque pas de soutiens et de commandes, mais de bras. La pénurie de mains-d’œuvre est particulièrement aiguë dans les métiers les plus physiques, ceux en lien avec la restauration des monuments historiques. On manque par exemple de plâtriers pour refaire les moulures, de charpentiers, de tailleurs de pierre… C’est un peu moins le cas dans les métiers plus individuels comme les céramistes, les verriers.
Ce marché de l’emploi n’est pas le seul à être en tension. Les médias rapportent régulièrement la pénurie de saisonniers, de candidats dans la restauration (café, restaurant) et même de médecins. Chacun a aussi fait l’expérience de la difficulté de trouver un plombier, un électricien… À l’image encore peu flatteuse des métiers manuels s’ajoutent les attentes de la génération Z, imprégnée de culture numérique, qui sont très différentes de celles de leurs aînés. La qualité de vie, la relation avec les employeurs, la pénibilité au travail, la responsabilité écologique de l’entreprise sont déterminants pour les 15-30 ans. Paradoxalement, dans le même temps certaines filières universitaires, dans les sciences humaines en particulier, ont trop d’étudiants, qui abandonnent dès la deuxième année, par manque de motivation et de débouchés professionnels.
Il faudra bien plus que « la main invisible du marché » pour réguler le marché de l’emploi en général et celui des métiers d’art en particulier. Bien plus, et surtout plus de temps. Le changement sociétal en cours conjugué aux enjeux environnementaux n’a pas fini de produire ses effets.
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Tensions sur le marché de l’emploi
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°613 du 9 juin 2023, avec le titre suivant : Tensions sur le marché de l’emploi