La ministre annonce une concertation dans les deux mois à venir. Un air de « déjà-vu ».
Nontron (Dordogne). Dix jours après sa nomination au ministère de la Culture, Rachida Dati a voulu montrer qu’elle était déjà dans l’action en annonçant un plan pour développer l’offre culturelle dans les territoires ruraux. Sur le plan des politiques publiques (et d’un point de vue électoral), cela est pertinent car un tiers des Français habitent en zone rurale et l’on sait combien il est difficile de faire prospérer les services publics, les entreprises et les actions culturelles dans des territoires très vastes, souvent mal desservis et à l’habitat dispersé. Le constat de la ministre n’est pas faux : « Si de nombreuses initiatives font vivre une offre culturelle dans ces territoires, notre modèle culturel semble être passé à côté de cette réalité majeure de notre pays » ; avant d’ajouter dans son style direct : « Je souhaite que cela change, et je nous donne deux mois pour cela. » Il ne faut pas comprendre que la situation va changer dans deux mois, mais que son ministère va réfléchir d’ici deux mois sur la façon dont cela va changer.
Deux personnalités vont prochainement être nommées pour porter cette réflexion, une « boîte à idées » numérique va être mise en ligne pour recueillir les suggestions des citoyens tandis que des assises nationales seront organisées dans les deux mois. Et pour bien montrer que c’est la priorité pour la ministre, elle annonce qu’elle va se rendre chaque semaine dans les territoires pour consulter les acteurs locaux. En attendant, elle apporte 1,1 million d’euros pour financer le développement du programme de l’École nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad) consistant à implanter en milieu rural des « bureaux d’études » sur le design avec des étudiants post-master. Ce n’est pas la première fois qu’un ministre, et en l’espèce un ministre sous la présidence d’Emmanuel Macron, s’attaque à la culture dans les zones rurales. En mars 2018, Françoise Nyssen avait lancé un plan d’action en faveur des territoires culturels prioritaires, dont les territoires ruraux (« Culture près de chez vous »). Comme il est inenvisageable de construire des milliers de musées, salles de spectacles ou médiathèques dans ces zones, le plan reposait en grande partie sur l’itinérance. L’un des « livrables » consistait en la mise à disposition des lieux de diffusion d’un catalogue d’œuvres à emprunter auprès des grands musées nationaux. Ce plan s’est ensuite étiolé.
Il est probable que la concertation nationale voulue par Rachida Dati aboutisse à un plan reposant lui aussi sur l’itinérance comme, par exemple, inciter les troupes de théâtres installées dans les grandes villes à jouer dans des salles des fêtes en milieu rural. La ministre souhaite par ailleurs reconvertir des sites patrimoniaux pour y organiser des animations culturelles. Nul doute qu’Olivier Bianchi, le maire de Clermont-Ferrand, candidat malheureux de la « Capitale européenne de la culture » en 2028 soit sollicité : son équipe et lui ont planché pendant des mois pour réfléchir à une programmation qui irrigue tout le territoire du Massif central.
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Rachida Dati veut dynamiser la culture dans les zones rurales
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°626 du 2 février 2024, avec le titre suivant : Rachida Dati veut dynamiser la culture dans les zones rurales