Les centres d’art de la couronne lyonnaise forment un circuit institutionnel varié et reconnu. Cependant, plusieurs de ces centres devraient voir leurs missions redéfinies afin de suivre les évolutions de l’art et toucher un public différent.
Menacé de disparition après que sa gestion ait été critiquée par la Chambre régionale des comptes (JdA n° 5, juillet-août 1994) et que sa politique artistique ait fait l’objet d’un rapport sévère de la Délégation aux arts plastiques (JdA n° 12, mars 1995), le Nouveau Musée de Villeurbanne, dirigé par Jean-Louis Maubant, pionnier de l’art contemporain en région, semble avoir trouvé un second souffle.
Après avoir remis en ordre ses comptes et nommé un administrateur, le Centre d’art s’ouvre à d’autres artistes depuis qu’il est codirigé par Pascal Pique. Il a présenté cet été un ensemble de jeunes artistes traitant de problèmes sociaux. On peut y voir actuellement des œuvres réalisées par des artistes proches de l’architecture, par le dessin ou l’utilisation de l’espace.
Reformuler un projet artistique
Mais au-delà de cette ouverture, le concept même de centre d’art est remis en cause face aux formes nouvelles de l’art d’aujourd’hui. La dématérialisation des œuvres, le refus par un nombre croissant d’artistes des circuits traditionnels de diffusion au profit de créations en extérieur, la multiplication des pièces interactives et le foisonnement des nouvelles technologies exigent un renouvellement des pratiques habituelles d’exposition.
Ce souci de "coller" à l’actualité explique le souhait d’un certain nombre d’administrateurs de voir le Nouveau Musée s’associer au Frac Rhône-Alpes. Simple accord, convention ou même fusion, rien n’est décidé, mais le changement est à l’ordre du jour et conditionne la reconduction d’un budget de 4 millions de francs.
Les préoccupations sont similaires au Centre d’art de Saint-Priest, dont l’orientation "peinture-peinture" assumée par Pierre Cayez, son directeur artistique, est remise en question. Au terme de la convention triennale qui liait le Centre à l’État et lui assurait une subvention de 200 000 F, doublée par la Ville, les bailleurs de fonds souhaitent s’entendre sur un nouveau projet artistique.
"Il ne semble plus possible de faire des expositions dans notre petit coin. Il faut, comme nous le faisons avec le théâtre et la danse, aller dans les quartiers et avoir des artistes en résidence", propose le directeur de l’Action culturelle Jean-Marie Bielh. Un projet intéressant, mais qui devra aussi proposer une solution pour la collection d’achats et de dépôts du Fnac et du Frac, constituée à la fin des années 80. Car plus qu’une formalité, la convention État-Ville conditionne l’utilisation du label "centre d’art" accordé par l’État et l’assortit de subventions conséquentes.
Aider au démarrage
Plus discrets, mais certainement essentiels pour l’essor de bon nombre d’artistes débutants, les deux lieux dirigés par Jean-Claude Guillaumon à Genas et à Saint-Fons poursuivent quant à eux leur chemin, financés presque exclusivement par leurs seules municipalités. Définis dès le départ comme des lieux de découvertes, ils sont peu à peu devenus des pépinières d’artistes, où sont venus puiser nombre de galeristes parisiens et de directeurs de centres d’art plus connus.
À la Drac, on regrette ouvertement la faiblesse de la subvention accordée à Saint-Fons (50 000 F), tout en admettant que les choix de Jean-Claude Guillaumon et de son assistante, Anne Giffon, font autorité. Paradoxe du système institutionnel, la gestion des subventions semble ainsi se faire plus en fonction des avantages acquis que des résultats, ce qui ne laisse pas de surprendre.
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Les centres d’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : Les centres d’art