Si les galeries qui vendent un art conventionnel connaissent une relative prospérité, l’art contemporain est un secteur risqué : seuls les galeristes les plus dynamiques, ou travaillant sur des secteurs particuliers comme la photographie parviennent à survivre.
"Se faire connaître à Lyon est long et difficile, mais avec de la persévérance, on y arrive", explique Catherine Derrioz, qui dirige depuis quatorze ans le Réverbère, une des deux galeries – avec Vrais Rêves – de photographie à Lyon. Spécialisés sur un segment très particulier, ces galeristes tirent leur épingle du jeu, mais leur relatif succès fait figure de contreexemple.
Beaucoup de leurs confrères ont fermé quand la crise est venue, ou se sont installés à Paris, comme Philippe Nelson. L’art contemporain n’est plus guère défendu que par Georges Verney-Carron, à Villeurbanne : "Je peux me permettre une programmation non commerciale, car la galerie est adossée à mon agence de communication", explique-t-il. Patrick Martin, quant à lui, est aidé par des actionnaires locaux. Il a ainsi exposé des artistes disposant d’une bonne notoriété comme Le Gac, Albérola, Garouste, mais aussi fait quelques expériences avec, cet hiver, des œuvres virtuelles ou interactives.
Mais pour les galeries qui s’intéressent à des artistes moins radicaux, le travail est plus simple. Dans cette catégorie, Paul Gauzit, au Lutrin, fait figure de référence : "Cela fait plus de trente ans que je suis installé, et ma foi, je ne m’en sors pas trop mal. Il faut du temps pour juger du travail d’un galeriste. Si les artistes que j’ai choisis ne sont pas devenus des stars, ils ont fait une œuvre". Une fidélité qui n’exclut pas de donner une chance à de nouveaux talents. Christina Tavarez y exposera pour la première fois en octobre.
Alain Dettinger, lui aussi, en mêlant art tribal et jeunes peintres, parvient à équilibrer ses comptes. "On fait un compromis entre ce qui nous plaît et ce qui se vend, c’est-à-dire des choses pas révolutionnaires et de préférence à moins de 10 000 francs".
Par ailleurs, le marché de l’art traditionnel est en bonne santé. De nombreuses galeries, principalement installées dans la presqu’île et le quartier Saint-Jean, présentent des peintres figuratifs dans une tradition post-impressionniste. Un "marché qui reste stable", explique-t-on à la galerie Saint-Vincent, spécialiste de cette tendance. Pour Alain George, qui vend de la peinture XVIIe jusqu’au XXe siècle, le marché "redémarre lentement, il n’y a pas lieu de se plaindre". Il disperse actuellement l’atelier de Béatrice Duval, une artiste méconnue proche des fauves, "une heureuse surprise", ajoute-t-il.
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Des galeries en équilibre
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : Des galeries en équilibre