À Lyon intra-muros, la municipalité améliore depuis dix ans la diffusion de toutes les tendances de l’art. Mais si la Ville soutient plusieurs aspects de la création plastique, les musées se taillent la part du lion.
Rénovation acte III : le Musée des beaux-arts ouvre début novembre sa troisième tranche. Définie par une convention État-Ville signée en juin 1990, cette restructuration complète du Palais Saint-Pierre est le plus important des chantiers en région.
Elle coûtera 438 millions de francs, dont 155 apportés par l’État et 283 par la Ville. Le musée va ainsi gagner 50 % en surface, passant de 10 700 m2 à 15 000 m2 utiles. Cette nouvelle tranche – 3 600 m2, 25 salles – est consacrée aux antiquités de la Méditerranée et à la peinture des XVIIIe et XIXe siècles (voir encadré).
Comme l’ensemble de la rénovation, elle a été confiée à Jean-Michel Wilmotte et Philippe Dubois. Uniformément décliné dans tout le musée, leur parti pris esthétique repose sur un hiératisme glacé, corrigé par l’emploi de bois blonds : murs recouverts de marmorella, sols en pierre des Pyrénées (polie ou bouchardée) pour les antiquités, et en poirier pour les peintures, vitrines – parties intégrantes de la scénographie – en poirier, et huisseries en métal givré forment une alternance de matériaux "chauds" et "froids".
À ces travaux sur le bâti, s’ajoute une importante campagne de restauration (2 millions de francs par an), portant notamment sur les bois peints et les sarcophages égyptiens ainsi que sur les peintures de Boucher, Greuze et Bellotto.
Un nouveau Musée d’art contemporain
L’agrandissement du Musée des beaux-arts repose sur l’utilisation d’espaces occupés par la Trésorerie municipale et le Musée d’art contemporain. Pour cette raison, la construction d’un nouveau bâtiment réservé à l’art contemporain a été décidée.
Inséré dans un vaste projet de Cité internationale construite en bordure du Parc de la Tête d’or, le nouveau bâtiment du Musée d’art contemporain est désormais excentré. Mais il devrait bénéficier du dynamisme créé par le nouveau Palais des congrès tout proche (3 salles de 2 000, 600 et 200 places), les quelque 20 000 m2 de bureaux et l’hôtel 4 étoiles prévus dans ce quartier. Il est de plus conçu comme un passage obligé entre la rue centrale de la Cité et l’accès aux cinémas qui lui font face, un complexe UGC devant sortir de terre prochainement.
Contre 80 millions de francs (40 apportés par l’aménageur de la Cité, 20 par l’État et 20 par la Ville), le Musée d’art contemporain construit par Renzo Piano offrira 2 600 m2 de surface d’exposition (et 6 200 m2 de surface totale). L’extérieur est en brique et en verre, l’intérieur très sobre (murs blancs et plancher en érable clair). Il offre trois niveaux d’un seul tenant de 900 m2 chacun, le dernier bénéficiant d’un éclairage en lumière naturelle. "Un espace idéal pour nos œuvres monumentales", se réjouit son conservateur Thierry Raspail (voir le JdA n° 13, avril, où Thierry Raspail s’explique sur la collection de son musée). Le bâtiment doit être livré le 18 novembre et sera inauguré le 18 décembre avec la Biennale d’art contemporain.
Appui à la diffusion
Si ces constructions monopolisent à la fois l’attention et un budget important, elles ne doivent pas faire oublier que la Ville soutient d’autres modalités de diffusion. Longtemps en suspens, le sort de l’artothèque a finalement été tranché : elle a été intégrée à la bibliothèque municipale, elle-même réorganisée en sections thématiques. Ainsi, la section art propose-t-elle le prêt de livres d’art et de vidéos, mais aussi d’estampes et de lithographies. Par ailleurs, elle dispose deux fois par an de l’espace d’exposition de la bibliothèque : "Le lieu est difficile, mais il y a du passage", constate Françoise Lonardoni, responsable de l’artothèque.
Enfin, la Ville cherche à soutenir d’autres aspects de la création en aidant la Maison des arts plastiques en Rhône-Alpes (Mapra). La Mapra est une association de conseil juridique et social pour les artistes. Elle organise également de petites expositions et édite un remarquable annuaire des plasticiens installés dans la région (près de 550 noms répertoriés). La Mapra est maintenant installée dans un local accolé au Palais Saint-Pierre, rénové pour l’occasion, qui comporte une salle d’exposition, une documentation, et un atelier-logement.
Fermeture de l’Elac
Seule fausse note dans ce tableau institutionnel à la recherche d’un équilibre, l’Espace lyonnais d’art contemporain (Elac), créé en 1976, va être fermé. En effet, les crédits alloués à la construction du Musée d’art contemporain ont absorbé ceux destinés au fonctionnement de l’Elac. Une décision qui se justifie en termes de surface d’exposition – le nouveau bâtiment est plus vaste que l’ancien Musée et l’Elac réunis –, mais qui laisse la presqu’île aux seuls beaux-arts.
Pierrick Sorin a été choisi au titre du 1 % (soit un budget de 200 000 F) pour intervenir sur le nouveau bâtiment du Musée d’art contemporain. Par ailleurs, des commandes publiques devraient être installées dans le nouveau quartier de la Cité internationale. Ont d’ores et déjà été retenus, Antony Gormley et Pier Kirkeby. La réalisation d’une fontaine de feu et d’eau par Yves Klein et d’un jardin dessiné par Pierre Soulages sont pour l’instant en projet.
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Grands travaux et petits ajustements
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Abonnez-vous dès 1 €La rénovation du Musée des beaux-arts a entraîné une augmentation spectaculaire de la fréquentation, qui est passée de 64 642 visiteurs en 1983, à 106 181 après l’ouverture de l’acte I, en 1992, pour atteindre 175 079 en 1994.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : Grands travaux et petits ajustements