Spécial Covid-19

Coronavirus : le choc de la crise dans le milieu de l’art

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 9 avril 2020 - 890 mots

Le premier effet de sidération passé, le monde artistique tente d’absorber les coûts humains, sociaux et économiques de l’épidémie. Tous les sujets abordés ci-dessous et page suivante sont à retrouver sous une forme développée sur LeJournaldesArts.fr .

Monde. Apparue fin décembre en Chine, l’épidémie de coronavirus a commencé à frapper la France avec l’annonce le 24 janvier des premiers cas de contamination. Les événements se sont ensuite enchaînés très rapidement, prenant un tour inédit avec la fermeture le 12 mars et jusqu’à nouvel ordre des crèches, écoles, collèges, lycées et universités, puis la mise en place du confinement généralisé le 17 mars. La crise sanitaire est d’une ampleur inouïe : déjà 73 000 morts dans le monde dont près de 9 000 en France (selon un décompte de l’Agence France-Presse communiqué le 7 avril). Partout les soignants sont en première ligne, manifestant un dévouement exemplaire. Avec 4 milliards de personnes confinées, les activités non essentielles sont à l’arrêt. Cependant, quelques signaux favorables laissent entrevoir le bout du tunnel : la Chine n’enregistre officiellement plus de décès, les courbes se tassent en Italie, en Espagne et en France.

Les musées, centres d’art, galeries et maisons de ventes sont eux aussi paralysés, avec des conséquences humaines et économiques sans précédent.

Le monde de l’art endeuillé

Patrick Devedjian ne verra pas l’ouverture de son « Musée du Grand Siècle ». Emporté par le coronavirus le 29 mars à l’âge de 75 ans, le président (LR) du Département des Hauts-de-Seine portait haut ce projet de musée consacré au XVIIe siècle. Amateur d’art et collectionneur de dessins avisé, l’homme politique siégeait depuis 2017 au conseil d’administration du Louvre. Aux États-Unis, on déplore le décès du peintre afro-américain David Driskell (88 ans). Également universitaire et commissaire d’exposition, il a consacré sa carrière à la reconnaissance des artistes noirs. En Argentine, c’est le géant de la bande dessinée Juan Giménez qui a succombé, le 3 avril, des suites du Covid-19. À 76 ans, il laisse derrière lui une œuvre de science-fiction saluée par le monde de la bande dessinée comme de l’art contemporain. Le 13 février dernier, la Chine déplorait le décès de Liu Shouxiang (62 ans), maître de l’aquarelle qui vivait et enseignait à Wuhan, épicentre de l’épidémie dans ce pays.

Sindbad Hammache


Une saison gâchée pour les guides-conférenciers

Parmi les professionnels du monde de l’art, les guides-conférenciers sont tout particulièrement affectés. Travaillant auprès d’un public associatif, ou composé de seniors, leur saison s’arrête habituellement à l’arrivée de l’été. « Il nous faut envisager six mois sans revenus », explique Hélène Norlöff, la présidente du Syndicat national des guides-conférenciers. Les guides touristiques craignent quant à eux que les visiteurs étrangers se fassent rares durant leur pic d’activité de juillet-août. La visite des touristes chinois, suspendue par Pékin le 27 janvier, ne devrait reprendre qu’en octobre prochain.Partagée entre deux tutelles ministérielles, la profession compte plus sur « Bercy que sur la Rue de Valois », poursuit Hélène Norlöff, pour lui venir en aide. Si les guides peuvent bénéficier de l’aide du fonds de solidarité du ministère de l’Économie, les médiateurs embauchés en contrat court ne bénéficient, eux, d’aucune aide, et ne peuvent compter que sur la solidarité de leurs employeurs. Le Louvre-Lens (Pas-de-Calais) ou La Piscine de Roubaix ont ainsi décidé de maintenir leurs vacations malgré l’inactivité.

Sindbad Hammache


Foires, annulations, reports, incertitudes et encombrement

Les foires subissent de plein fouet la crise. Certains salons de printemps ont été annulés et reportés à 2021 comme Paris Tribal (avril), le Bourgogne Tribal Show (mai) ou Masterpiece London (juin). D’autres, repoussés dans un premier temps, à l’exemple du Salon du dessin décalé de mars à mai, ont fini par être déprogrammés cette année.Une décision qui paraît justifiée. D’autres manifestations ont choisi de décaler leurs dates à la rentrée, surchargeant ainsi le calendrier automnal. Il faudra ainsi s’armer de courage si l’on souhaite ne rater aucun rendez-vous. Devraient ainsi se tenir au mois de septembre le Salon du Livre rare (du 4 au 6) et La Biennale Paris (du 17 au 21) à Paris, et Art Basel à Bâle (du 17 au 20). En octobre s’enchaîneront, à Londres, le PAD London (du 5 au 11), la foire Frieze (du 8 au 11), suivis, à Paris, de la Fiac et du PAD Paris – programmés simultanément, du 22 au 25). Une semaine plus tard, du 31 octobre au 4 novembre, ce sera au tour de Tefaf New York Spring d’ouvrir ses portes, à la place de Tefaf New York Fall, annulée. Ce marathon s’achèvera par le salon Fine Arts Paris, qui se tiendra du 18 au 22 novembre dans la cour du Dôme des Invalides à Paris. À l’heure où nous mettons sous presse, Art Paris, Drawing Now (Paris) et Art Up ! (Lille) ont maintenu leurs dates en mai et juin.

Marie Potard


Les voleurs profitent des circonstances

Tirant parti de la fermeture des musées aux Pays-Bas, des malfaiteurs se sont introduits dans le Musée Singer Laren, situé à une trentaine de kilomètres d’Amsterdam, et ont emporté un tableau de Van Gogh : Le Jardin du presbytère de Nuenen au printemps. Le tableau avait été prêté par le musée de Groningue dans le cadre d’une exposition consacrée à l’art néerlandais. « Les voleurs sont seulement allés chercher un Van Gogh, alors qu’il y a d’autres œuvres dans le musée », s’étonne Arthur Brand, un expert néerlandais.

Julien Tribut

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°543 du 10 avril 2020, avec le titre suivant : Coronavirus : le choc de la crise dans le milieu de l’art

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