KASANE / BOTSWANA
La production verrière artisanale française et la transhumance figurent parmi les 55 nouveaux éléments inscrits.
La session annuelle du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel qui s’est tenue dans la ville de Kasane, au Botswana du 5 au 8 décembre dernier a fait connaître son lot habituel de pratiques plus ou moins connues. Cette réunion marque les vingt ans de la convention à l’origine de ce programme de valorisation du patrimoine vivant mondial, adoptée par l’Unesco en 2003.
Pour cette dix-huitième session du Comité, les vingt-quatre États membres ont sélectionné pas moins de 55 nouveaux éléments culturels : 45 rejoignent la Liste représentative du patrimoine culturel de l’humanité, 6 la Liste de sauvegarde urgente et 4 le Registre des bonnes pratiques de sauvegarde. Avec ces récentes inscriptions, le patrimoine immatériel de l’Unesco compte à ce jour 730 biens culturels, répartis dans 145 pays.
Comme chaque année, les nouvelles intégrations couvrent des domaines variés, allant de l’artisanat traditionnel aux arts du spectacle, des expressions orales aux pratiques et connaissances culturelles. La France, qui comptait déjà vingt-six de ses traditions inscrites sur les listes, en rajoute deux nouvelles. Le Comité a en effet décidé d’intégrer la production verrière artisanale, un savoir-faire que maîtrise la France mais aussi l’Allemagne, l’Espagne, la Finlande, la Hongrie et la République tchèque. Plus insolite, les listes de l’Unesco incluent désormais la tradition ancestrale de la transhumance, le déplacement saisonnier des troupeaux, lui aussi pratiqué dans plusieurs pays dont la France. Dans la même veine, la saison d’alpage en Suisse rejoint également les listes.
Le patrimoine vivant des pays d’Afrique est un peu plus mis en valeur que les années précédentes, avec l’inscription de douze nouveaux éléments culturels. C’est le cas de la tradition des sona, des dessins et figures géométriques tracés dans le sable en Angola. Parmi les autres inscrits de 2023, on peut citer le chant lyrique italien, les techniques d’irrigation traditionnelles ou encore les connaissances en maïeutique des sages-femmes. L’art culinaire est également mis à l’honneur, avec notamment l’inscription du ceviche péruvien.
Avec ces inscriptions, l’Unesco permet aux États bénéficiaires de disposer d’un cadre juridique et plus encore d’une incitation à sauvegarder et valoriser leur patrimoine immatériel, sur le même principe que celui du patrimoine bâti. Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, rappelle que « grâce à cette Convention, la définition même de patrimoine culturel a été étendue. Elle n’est plus seulement affaire de monuments, de sites ou de pierres. Elle reconnaît que le patrimoine est aussi vivant, qu'il peut être chanté, écrit, écouté, touché ». C’est à ce titre que ces éléments culturels doivent être protégés et transmis par les communautés locales, et ce grâce à un processus de sensibilisation du public et à la mise en place de programmes éducatifs et écologiques. En 2022, l’inscription de la baguette dans ces listes a ainsi amené le gouvernement français à entamer des démarches pour créer de nouvelles formations et valoriser ce savoir-faire artisanal auprès du grand public et du public scolaire.
La protection du patrimoine vivant relève donc directement de la responsabilité des États concernés, sous la supervision de l’Unesco. Les traditions inscrites sur la Liste de sauvegarde urgente font quant à elles l’objet de processus de suivi encore plus réguliers, avec obligation de délivrer un rapport détaillé sur l’évolution de la situation tous les quatre ans.
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Unesco, les listes du patrimoine immatériel s’allongent
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