La culture foraine, la construction en pierres sèches, le savoir-faire des couvreurs-zingueurs parisiens entrent dans la liste.
La session annuelle du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, qui s’est déroulée à Asunción, République du Paraguay, du 2 au 6 décembre 2024, a choisi une sélection mettant en lumière des pratiques variées.
Pour cette dix-neuvième session du Comité, les États membres ont ajouté 63 nouveaux éléments culturels : 53 rejoignent la Liste représentative du patrimoine de l’humanité, deux, la Liste de sauvegarde urgente, et trois, le Registre de bonne pratique de sauvegarde. Avec ces récentes inscriptions, le patrimoine immatériel de l’Unesco compte désormais 788 pratiques culturelles, réparties dans 150 pays. Comme chaque année, les nouvelles inscriptions couvrent de nombreux domaines, des savoir-faire artisanaux aux arts du spectacle, en passant par les pratiques culturelles.
La France, qui comptait déjà 28 traditions inscrites, en ajoute trois nouvelles. Le Comité a intégré l’art de la construction en pierres sèches, un savoir-faire partagé avec 13 autres pays, dont la Suisse et l’Espagne. Les savoir-faire des couvreurs-zingueurs parisiens et des ornemanistes ont également été inscrits. La zinguerie parisienne, typique de la capitale, englobe les connaissances et compétences nécessaires à la restauration des toitures et des bâtiments haussmanniens du XIXᵉ siècle. Plus insolite, le Comité a retenu la culture foraine, à la suite d’une demande franco-belge. Cette reconnaissance permettra : « aux collectivités et aux villes de prendre l’art forain en compte », s’enthousiasme Nicolas Lemay, président de la Fédération des Forains de France dans Le Messager.
Comme en 2023, le patrimoine culturel vivant des pays africains a été particulièrement mis en valeur. Cette année marque la première inscription au patrimoine vivant de l’Unesco pour le Ghana, avec l’artisanat du Kente ; pour le Rwanda, avec la danse Intore ; et pour la Somalie, avec le droit coutumier oral. Deux pays asiatiques figurent également pour la première fois sur la liste : le Brunei Darussalam avec le kebaya, un vêtement traditionnel, et le Myanmar (ex-Birmanie) avec l’atā thingyan, sa fête traditionnelle du Nouvel An. La pratique culinaire est également valorisée cette année avec 11 nouvelles inscriptions, dont la culture asturienne du cidre en Espagne ou les savoir-faire relatifs au saké au Japon.
En 2003, l’Unesco a créé une convention pour élargir juridiquement la notion de patrimoine culturel, intégrant le patrimoine vivant : « Le patrimoine culturel immatériel (PCI) englobe des pratiques et savoirs dont chacun hérite en commun, et qu’il s’efforce collectivement de faire vivre, recréer et transmettre ». La France a ratifié cette convention en 2006, bénéficiant ainsi d’un cadre juridique non contraignant visant à reconnaître et soutenir ce patrimoine.
Depuis, l’État français a la responsabilité de préserver et de transmettre ces pratiques culturelles. Il doit, par exemple, encourager les études scientifiques et créer des établissements d’enseignement en lien avec les coutumes. L’inscription des savoir-faire autour du parfum à Grasse en 2018 en est un exemple : depuis son entrée dans la liste, deux nouveaux laboratoires ont vu le jour, dont ceux de l’Université Côte d’Azur en 2021. Les éléments inscrits sur la liste urgente obligent les États concernés à prendre des mesures de sauvegarde. Quatre ans après l’inscription, un rapport doit être rédigé pour évaluer les progrès de conservation.
En 2008, la France a mis en place son propre Inventaire du patrimoine culturel immatériel. Cet inventaire, mis à jour par le ministère, recense les pratiques présentes sur le territoire national. En 2023 et 2024, 27 éléments ont été inscrits, parmi lesquels la chasse des nids de guêpes ou l’art de la poterie à Mayotte.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Trois nouvelles pratiques françaises inscrites sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €