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MUSÉE SANS COLLECTION

Cabourg, du côté de chez Proust

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 30 mai 2021 - 690 mots

CABOURG

La Villa du temps retrouvé invite le visiteur à plonger dans l’ambiance d’un autre temps, celui de la Belle Époque.

La Villa du temps retrouvé à Cabourg. © Ville de Cabourg
La Villa du temps retrouvé à Cabourg.
© Ville de Cabourg

Cabourg. François Mauriac disait qu’À la recherche du temps perduétait « une œuvre habitable dans laquelle j’entre, je sors […] Depuis 50 ans […] j’habite […] Proust, j’ouvre, je prends Proust à chaque instant ». Tel est le point de vue qui a servi de fil conducteur à la création de la Villa du temps retrouvé, à Cabourg : un espace muséal consacré à l’épopée de la Belle Époque avec évidemment Marcel Proust en figure tutélaire et matricielle. Car, comme le précise l’équipe dirigeante, il ne s’agit absolument pas d’un musée consacré à l’écrivain – il en existe déjà un, le Musée Marcel Proust-Maison de tante Léonie, à Illiers-Combray, près de Chartres – et encore moins d’un mausolée. Non, il s’agit ici d’un nouveau lieu pour retrouver un temps, celui de la Belle Époque et de l’âge d’or de la Côte Fleurie. Un musée d’ambiance en quelque sorte, intimiste, axé sur l’évocation plus que sur la reconstitution. Si Proust est effectivement venu à Cabourg – une première fois en 1881, accompagné par sa grand-mère pour qu’il vienne soigner son asthme, puis chaque été de 1907 à 1914, au fameux Grand Hôtel où il commence la rédaction de La Recherche –, sa Normandie est vaste de Bayeux à Dieppe, en passant par Caen, par l’église de Dives ou encore par le manoir des Frémonts et l’hôtel des Roches Noires de Trouville.

Un comité scientifique et culturel

Au départ de ce nouveau lieu, il y a d’abord une maison des associations installée dans une ancienne demeure, la bien nommée villa « Bon Abri ». Celle-ci, construite en plusieurs étapes à partir de 1860, appartient à la municipalité de Cabourg qui l’a achetée en 2015 ; puis, le maire de la ville depuis 2014, Tristan Duval (sans étiquette), lance le projet et crée, en 2016, un comité scientifique et culturel présidé par Jérôme Neutres (ancien directeur à la Réunion des musées nationaux-Grand Palais et ancien président du Musée du Luxembourg à Paris), accompagné de personnalités comme Jérôme Clément (ex-fondateur d’Arte), ici président de l’association Villa du temps retrouvé.

Après des travaux de rénovation de la façade et de réhabilitation complète des espaces intérieurs répartis sur deux étages (pour un montant d’un peu moins de 4 millions d’euros), sept salles d’exposition sont allouées au parcours permanent et trois plus petites aux expositions temporaires dont la première est actuellement consacrée à Fantômas. S’ajoutent un hall d’accueil, une salle de conférences et des bureaux, soit un total de 800 m2, dont 600 sont ouverts au public, invité à « habiter » le lieu le temps de la visite, à se balader de salles en salles jalonnées par des objets customisés (cage à oiseau, cadres en bois, phonographe…) qui accueillent des écrans diffusant des contenus numériques.

350 objets, tableaux et meubles

Rythmé par différents papiers peints spécialement conçus pour le lieu, le parcours montre avant tout quelque trois cent cinquante œuvres en prêt– puisque la Villa du temps retrouvé ne possède pas de collection – aussi bien des objets, du mobilier que des toiles de différents artistes comme Claude Monet (sans doute le peintre préféré de Proust), Eugène Boudin, René-Xavier Prinet et bien sûr Jacques-Émile Blanche avec son fameux (et unique) Portrait de Marcel Proust (1892). Parmi de nombreuses raretés, le tableau est ici confronté pour la première fois au dessin de ce même portrait, réalisé un an auparavant et prêté par la Bibliothèque nationale de France.

La Villa a sollicité le Mobilier national pour les meubles d’usage, autrement dit des sièges et fauteuils sur lesquels on peut s’asseoir, pour consulter des livres ou regarder les tableaux, un piano à queue dont on peut jouer, et a reçu des prêts de différents musées (Orsay, Guimet, celui des Beaux-Arts de Rouen, etc.) pour une période plus ou moins longue (de six mois à cinq ans). La plupart des œuvres ici rassemblées, comme mises dans un écrin, sont donc vouées à être renouvelées périodiquement, afin d’inciter les visiteurs à revenir régulièrement pour vivre à chaque fois une nouvelle expérience. Et refaire ainsi des voyages dans le temps.

Villa du temps retrouvé,
15, avenue du Président Raymond-Poincaré, 14390 Cabourg. villadutempsretrouve.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°568 du 28 mai 2021, avec le titre suivant : Cabourg, du côté de chez Proust

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