Archéologie

10 découvertes archéologiques majeures en 2024

Par Cordelia Hales · lejournaldesarts.fr

Le 1 janvier 2025 - 1525 mots

Des vestiges antiques à des dépouilles de victimes de la peste en passant par un dinosaure, les fouilles ont été fructueuses.

Restitution du réseau de remparts dans la partie nord de l’oasis fortifiée de Khaybar, il y a 4000 ans. © Khaybar LDAP, M. Bussy & G. Charloux
Restitution du réseau de remparts dans la partie nord de l’oasis fortifiée de Khaybar, il y a 4000 ans.
© Khaybar LDAP, M. Bussy & G. Charloux

1. Une nouvelle espèce de titanosaure vieille de 75 millions d’années découvertes en Espagne

C’est sur le site paléontologique de Lo Hues, situé près de la commune de Fuentes dans le centre de l’Espagne, qu’a été mis au jour l’un des squelettes les plus complets de titanosaure en Espagne : celui de Qunkasaura pintiquiniestra. Des vertèbres cervicales, dorsales et caudales (queue), des fragments de la ceinture pelvienne ainsi que des morceaux de membres ont été retrouvés. Ce dinosaure herbivore du Crétacé mesurait près de 6 mètres de haut et vivait il y a environ 70 millions d’années. La découverte de Qunkasaura pintiquiniestra permettra de restituer l'aspect des paysages d'antan du site, ainsi que les climats et les interactions entre les différentes espèces.

2. Un mur d’enceinte de 4 000 ans mis au jour en Arabie saoudite

En janvier 2024, des archéologues du CNRS révèlent l'existence d'une enceinte fortifiée datant de l'âge du bronze sur un site occupé jusqu'aux débuts de l'Islam en Arabie saoudite. Cette enceinte, longue d’environ 14,5 km à l’origine, et haute d’environ 5 mètres, enserrait la ville et les terres agricoles. D’autres oasis de ce genre ont été retrouvées au nord-ouest de l’Arabie saoudite, mais Khaybar, le lieu de découverte, est spécial : situé au croisement des trois vallées, à mi-chemin entre Al-Ula et Médine, il est le lieu d’une bataille gagnée par les troupes de Mahomet en 628 ap. J.-C. Près de 6 kilomètres de murs ont été préservés sur les 14 kilomètres initiaux. Le mur comporte 74 bastions construits face au désert dans un but défensif, l’enceinte est datée entre 2250 et 1950 av. J.-C. Il a fallu plusieurs centaines d’ouvriers sur trois à cinq ans minimums pour la construire.

3. En Crète, un énigmatique bâtiment en pierre minoen

Alors que des travaux étaient en cours pour construire la tour de contrôle de l'aéroport de Kastelli, les ruines d’un bâtiment labyrinthique ont été découvertes et mises au jour. Ce bâtiment de 48 mètres de diamètre s’étend sur environ 1 800 m2 et comporte 8 anneaux reliés par des ouvertures. La découverte d'une grande quantité d’ossements d’animaux laisse supposer que ce bâtiment était funéraire. Celui-ci daterait de la période minoenne, une civilisation particulièrement prospère en Crète il y a 4 000 ans. Il aurait été construit au moment où les premiers palais de cette période ont été bâtis, notamment à Knossos et Phaistos.
Si ce n’est pas la première découverte archéologique sur ce site (au moins 35 autres sites ont été découverts lors des travaux du nouvel aéroport de Kastelli), celle-ci se distingue par sa taille, qui témoigne d’un travail de construction d’une ampleur considérable.

4. A Petra, 12 tombes intactes

Sur le site antique de Pétra en Jordanie, une équipe d’archéologues a mis au jour une tombe inviolée enfouie sous la Kazneh, également appelée « le trésor du pharaon ». Classé au patrimoine de l’UNESCO depuis 1985, ce site témoigne du passage des Nabatéens, dont le royaume a prospéré dans le désert du IVe siècle av. J.-C. à l’an 106 de notre ère. Cette tombe contenait douze squelettes vieux de 2 000 ans, intacts, accompagnés d’objets funéraires. Cette découverte fait suite à celle de 2003 qui avait mis au jour des squelettes partiels, laissant penser que d’autres chambres funéraires souterraines pouvaient se cacher dans les lieux. Hypothèse qui est aujourd’hui confirmée grâce à l’usage d’un radar à pénétration de sol, un appareil qui utilise des sondes radios pour détecter des anomalies souterraines avant de creuser.

5.Au Mexique, une pyramide Metzca vieille de 1 375 ans découverte par hasard

Alors qu'ils travaillaient sur l’extension de l’autoroute Pachuca - Huejutla à San Augustin Metzquititlàn (État d’Hidalgo, centre-est du Mexique), des ouvriers ont découvert par hasard une pyramide vieille de 1 375 ans. Mesurant plus de 304 mètres de haut, celle-ci a été baptisée « Structure 1 ». Elle aurait été le centre d’un site plus vaste comprenant également 10 monticules abritant des temples aujourd'hui disparus. Les archéologues pensent que le site date de l’époque précolombienne des Metzca. Cette société qui vivait dans la région d’Hidalgo entre l’Épi classique (650 à 950 apr. J.-C.) et le Post classique (1350-1519 apr. J.-C.). Cette découverte est importante, car aucun vestige de cette société n'avait été trouvé auparavant dans cette zone. Malheureusement, en raison d'un manque de budget, la pyramide a dû être réenterrée. 

Pyramide découverte au Mexique lors des travaux d'extension de l’autoroute Pachuca - Huejutla. © INAH
Pyramide découverte au Mexique lors des travaux d'extension de l’autoroute Pachuca-Huejutla.
© INAH

6. Deux nouveaux squelettes et leur trésor découvert à Pompéi

Dans les zones de fouilles de la Regio IX Insula 10 de Pompéi, les restes de deux victimes de l’éruption du Vésuve en l'an 79 après J.-C ont été découverts dans la petite chambre d’une villa.
La femme était allongée sur le lit, entourée d'un petit trésor composé de pièces d’or, de bronze et d’argent, ainsi que de bijoux, dont des boucles d’oreilles en or surmontées de perles. L’homme était étendu au pied du lit. Grâce à l’étude des empreintes dans les cendres, les archéologues ont pu reconstituer les événements. Après s'être réfugiés dans la petite pièce protégée par une fenêtre fermée, les deux habitants sont restés à l’abri des cendres pendant quelques heures. La porte adjacente a ensuite été bloquée par un amoncellement de roches volcaniques, rendant leur fuite impossible. Ils sont morts lorsque les coulées pyroclastiques, un mélange solide de cendres et de blocs rocheux mêlés à du gaz volcanique, ont dévalé les pentes du volcan.

Les deux victimes de l'éruption du Vésuve découvertes lors des fouilles de Regio IX Insula 10 de Pompéi. © Ministero della Cultura
Les deux victimes de l'éruption du Vésuve découvertes lors des fouilles de Regio IX Insula 10 de Pompéi.
© Ministero della Cultura

7. La tombe d’un soldat romain découverte à Heerlen aux Pays Bas

Une récente fouille archéologique sur la place municipale Raadhuisplein de la ville de Heerlen a mis au jour une fosse contenant la phase initiale du peuplement de Herleen. Dans cette fosse se trouvaient un bracelet, des tessons de poterie et trois plaques romaines intactes en terre sigillée.
Sur la plaque étaient inscrites les lettres « Flac » laissant penser que la sépulture était celle d’un soldat romain appelé Flaccus. Cette découverte permettra aux archéologues des nouvelles sources pour la compréhension des prémices de la ville romaine. En effet, les Romains établirent au début du Ier siècle après J.-C. une colonie militaire dans la ville de Heerlen appelée Coriovallum. La colonie s’est ensuite développée pour devenir une ville romaine importante pour connaître ensuite un fort déclin, abandonné au Ve siècle après J.-C.

8. Une dépouille mérovingienne dans un sarcophage près de Chartres

Après trois mois de fouilles, une équipe d’archéologues a découvert un sarcophage encore scellé sur le site de l’église Saint-Martin-au-Val, près de Chartres. L’ouverture de ce sarcophage vieux de plus de quinze siècles a révélé l’existence d’un squelette mesurant environ 1,58 mètre de haut. Étant donné l'emplacement du sarcophage, près du chœur de la toute première église (datant du VIe siècle), il pourrait s'agir d'un personnage religieux important de l'Église mérovingienne. Cette découverte a donné lieu à un travail de prélèvement des ossements et des résidus de tissu. Ces analyses permettront de mieux comprendre les modes d’inhumation de l’époque mérovingienne. Ce troisième squelette, ajouté à deux autres déjà découverts sur le même site, permettra de préciser les méthodes d’embaumement utilisées à cette époque.

Sarcophages mérovingiens en cours de fouille dans le sondage de la nef de l’église Saint-Martin-au-Val.  © Direction de l’Archéologie, ville de Chartres
Sarcophages mérovingiens en cours de fouille dans le sondage de la nef de l’église Saint-Martin-au-Val.
© Direction de l’Archéologie, ville de Chartres

9. 50 squelettes de Viking découverts au Danemark

Des fouilles de six mois sur le site funéraire de 2 000 m2 datant des VIIIe et IXe siècles dans le village d'Asum, près d’Odense, au Danemark, ont révélé l’existence de 50 squelettes enterrés avec des objets. Une première tombe contenait les restes d’une femme entourés d'objets de valeur. Elle a été découverte dans le chariot viking qui la transportait et qui avait servi de cercueil. Parmi les objets qui l’entouraient se trouvaient un collier de perles en verre, un couteau à manche orné d’argent, une clé en fer et un morceau de verre qui aurait pu servir d’amulette, ainsi qu’un coffre en bois. Ces objets témoignent du statut élevé de cette femme au sein de la société viking. Une autre tombe présentait le squelette d’un homme avec une broche trilobée en bronze de style « borrestil », une perle en verre rouge autour du cou du défunt, ainsi qu’un couteau en fer et un petit morceau de cristal de roche.

L'une des 50 tombes vikings découvertes à Åsum au Danemark, dont la date est estimée à 900 après J.-C. © Odense Museum
L'une des 50 tombes vikings découvertes à Åsum au Danemark, dont la date est estimée à 900 après J.-C.
© Odense Museum

10. À Nuremberg, un cimetière de victimes de la peste

Lors d’un sondage sur un chantier de construction dans le centre de Nuremberg (Allemagne), une fosse commune de 6 000 m2, composée de huit puits contenant plusieurs dépouilles, a été découverte. Selon les archéologues, le nombre total de dépouilles serait d’environ 1 500, voire 2 000. C’est la première fois qu'un site fouillé en Europe livre autant d'ossements. L’hypothèse retenue, confirmée par la datation au carbone 14 et l’examen de tessons de céramiques présents aux alentours, est qu’il s’agirait de victimes de l’épidémie de peste. La peste a en effet produit plusieurs vagues épidémiques en Europe à partir du XIVe siècle et en Allemagne au XVIIe siècle. Les archéologues estiment que la fosse commune a été créée entre 1632 et 1633, période durant laquelle environ 30 000 personnes de Nuremberg sont décédées de cette maladie. Cette épidémie est également attestée par un document de 1634 indiquant que plusieurs centaines de corps avaient été enterrés à proximité du site.

Fosse commune de victimes de la peste découverte à Nuremberg. © In Terra Veritas.
Fosse commune de victimes de la peste découverte à Nuremberg.
© In Terra Veritas

Thématiques

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque