ARABIE SAOUDITE
Cette découverte tombe à pic pour un pays en quête de touristes.
Arabie saoudite. Un article publié le 10 janvier par des archéologues du CNRS dans la revue Journal of Archaeological Science : Reports révèle l’existence d’une enceinte fortifiée exceptionnelle datant de l’âge du Bronze (IIe millénaire avant l’ère chrétienne) en Arabie saoudite. Longue de 14,5 kilomètres à l’origine, cette enceinte en pierre haute d’environ cinq mètres enserrait la ville et les terres agricoles. La campagne de prospection et de sondages menée par Guillaume Charloux (CNRS) entre octobre 2020 et mars 2023 visait à confirmer l’existence d’une « ceinture défensive monumentale de la période préislamique » sur un site occupé jusqu’aux débuts de l’Islam.
Il existe d’autres oasis de ce genre au nord-ouest de l’Arabie saoudite, mais Khaybar est connue dans le monde islamique comme le lieu d’une bataille gagnée par les troupes de Mahomet en 628 ap. J.-C.. Située au croisement de trois vallées à mi-chemin entre Al-Ula et Médine, elle est exposée à un climat désertique. Les archéologues déplorent les conditions climatiques extrêmes qui ont abîmé les vestiges et rendent la prospection difficile.
Après des sondages et des collectes de matériel archéologique et minéral, les archéologues ont pu dresser un plan des vestiges. Près de 6 kilomètres de mur ont été préservés sur 14, avec 140 segments de longueur variable. Certains semblent avoir été modifiés ou reconstruits à différentes époques. Le mur comporte en outre 74 bastions construits face au désert dans un but défensif. Les auteurs de l’article suggèrent que l’oasis devait se défendre contre des groupes nomades armés et contre « l’érosion et la salinisation des sols agricoles ». Une autre hypothèse avancée serait la volonté de « marquer son autorité sur le territoire » par une enceinte monumentale.
Pour la datation, les archéologues ont utilisé la stratigraphie, les céramiques et le carbone 14 sur des échantillons de charbon. Dans le mur, le réemploi de pierres funéraires datant de 2600 avant l’ère chrétienne a par ailleurs fourni une limite d’ancienneté fiable. Après l’analyse des données, l’enceinte est datée entre 2250 et 1950 av. J.-C.. Elle a probablement été construite en quelques années dans le cadre d’un grand projet collectif. Cette enceinte est exceptionnelle « par sa taille, et en termes d’efforts techniques et collectifs » puisque les chercheurs estiment qu’il aurait fallu plusieurs centaines d’ouvriers sur trois à cinq ans minimum pour la construire.
Cette découverte permet de mieux comprendre le phénomène de la sédentarisation en Arabie à l’âge du Bronze ainsi que l’urbanisation progressive des grandes oasis.
Il est probable que les autorités saoudiennes diffusent largement l’information, car la région de Khaybar et des oasis fait l’objet d’une mise en valeur touristique accrue depuis quelques années. L’oasis voisine de Tayma (célèbre dans la littérature arabe classique) a été proposée par l’Arabie saoudite en 2022 pour une inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.
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Un mur d’enceinte de 4 000 ans mis au jour en Arabie Saoudite
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°625 du 19 janvier 2024, avec le titre suivant : Un mur d’enceinte de 4 000 ans mis au jour en Arabie Saoudite