Médias. Le phénomène des influenceurs en art n’est pas récent mais il a pris une nouvelle dimension avec l’importance que leur accordent maintenant les institutions culturelles.
Depuis longtemps – toujours même pour la génération Z (née dans les années 1990 en même temps qu’Internet) – des amateurs d’art commentent les expositions, musées ou lieux patrimoniaux qu’ils ont visités sur ce que l’on appelait des blogs. Ces vestiges du Web 1.0 ont quasiment disparu au profit des réseaux sociaux qui permettent de gagner rapidement des followers et de fédérer une communauté dénombrable avec qui l’on peut communiquer. L’émulation propre aux réseaux sociaux a en quelque sorte « professionnalisé » ces contenus obligeant les ex-blogueurs à soigner la mise en scène de leurs diaporamas et vidéos, ce qui en retour augmente leur audience.
Les institutions culturelles à la recherche de nouveaux moyens de communication pour toucher les jeunes ont alors compris l’opportunité que représentent ces médiateurs et les invitent de plus en plus souvent à des vernissages pour la presse, voire à des présentations qui leur sont réservées. Certaines mêmes les rémunèrent pour cela. C’est alors que le blogueur se transforme en influenceur, c’est-à-dire une personne qui influence l’opinion ou, en l’espèce, donne envie d’aller voir les lieux.
On rétorquera que la presse aussi publie des articles sponsorisés et que les critiques d’art non rémunérées (l’écrasante majorité) d’aujourd’hui ne se distinguent pas par leur férocité. Pourtant, les différences entre influenceurs et journalistes sont essentielles et touchent aux principes mêmes de la presse. Les textes publiés dans un journal le sont sous l’autorité d’un directeur de publication qui doit s’assurer de l’impartialité des auteurs sous peine de sanction pénale ; ils sont corrigés par des correcteurs ou secrétaires de rédaction qui vont vérifier l’exactitude des informations et chasser les fautes d’orthographe ou grammaticales. Si l’enjeu est limité pour les critiques d’exposition, il n’en est pas de même pour les sujets économiques, sociétaux ou législatifs sur lesquels certains influenceurs commencent à s’exprimer. Allons plus loin. Au moment où l’intelligence artificielle (ChatGPT ou Dall-e) envahit le Web, avec les risques que cela entraîne sur la fiabilité de l’information, la presse, par sa déontologie et sa pratique, est bien plus outillée et réglementée que les influenceurs pour faire face à cette menace.
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Influenceurs et journalistes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°611 du 12 mai 2023, avec le titre suivant : Influenceurs et journalistes