Partenaires d’institutions aux budgets souvent serrés, certains influenceurs culturels parviennent à vivre de leurs prestations. Mais nombre d’entre eux diversifient leur activité.
France. Loin des « méga-influenceurs » comme Jay-Z et Beyonce se payant le Louvre ou offrant un concert à la Fondation Louis Vuitton, à Paris, les « micro-influenceurs » (entre 10 000 et 100 000 abonnés) se heurtent, parfois, à des refus, voire à l’absence de budget de certaines institutions culturelles. Marie-Odile, ou « imagine_moi sur Instagram », vit de contenus en marque blanche : ils ne sont pas signés, et publiés par des institutions sur leurs propres comptes. Face à des négociations parfois compliquées, elle a fait appel à Maison Gersaint, une agence artistique. En échange d’une commission pouvant monter jusqu’à 15 %, elle délègue le démarchage et les négociations à la structure.
Le métier de créateur de contenus se professionnalise donc, appuyé de plus par une loi visant à réguler l’activité, adoptée le 30 mars dernier. Le texte est sans conséquences sur les influenceurs culturels, concernés uniquement par l’obligation d’informer leurs communautés des opérations promotionnelles, ce qu’ils font déjà.
Rien, cependant, ne vient fixer une grille tarifaire précise pour la profession. Pour une story, ou vidéo courte (environ une demi-journée de travail), les tarifs varient de 500 à 1 000 euros. Concernant les vidéos plus longues, d’une durée de cinq minutes et demandant une semaine de travail, il faut débourser environ 1 500 euros. Les vidéos YouTube, pouvant durer jusqu’à une trentaine de minutes, sont celles qui rapportent le plus : entre 10 000 et 15 000 euros. À noter que leur réalisation demande deux mois de travail, et une équipe de tournage. La monétisation de la publicité sur YouTube est aussi à prendre en compte : un mois à 300 000 vues rapporte environ 490 euros. Parmi les huit créatrices et créateurs de contenus interrogés, cinq ont déclaré dégager un revenu net de 2 000 euros au moins par mois, et une personne n’est pas du tout rémunérée.
Christopher Michaut, alias Mr Bacchus (40 000 followers sur Instagram), dit ne pas rechercher automatiquement une compensation financière pour ses contenus, créés avant tout par passion. À côté de son activité sur les réseaux sociaux, il est rédacteur dans le milieu culturel, réalisateur de films institutionnels et consultant. Comme lui, la moitié des influenceurs interrogées exercent d’autres activités.
Les professionnels ne sont pas dupes. Si, selon une enquête de Marie Ballarini citée dans l’article ci-contre, Instagram est la première plateforme sur laquelle est consommé du contenu lié à l’histoire de l’art, cela ne durera pas toujours. « Je ne veux pas mettre tous mes œufs dans le même panier », confie Hugo Spini, qui rassemble plus de 21 000 followers sous son compte « whereverhugo ». Pour lui, les réseaux sociaux ne sont pas une fin en soi.« Je suis quand même très dépendant de la plateforme… On est obligés de se plier aux règles de l’algorithme pour augmenter le nombre de vues, ou ne pas se faire invisibiliser… Sans être à l’abri d’un piratage, ou d’une censure de compte, regrette-t-il. Si je dois changer de réseau, je préfère que ce soit pour aller faire autre chose, dans la presse, l’édition, l’audiovisuel ou l’écriture… »
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Combien gagnent les influenceurs en art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°611 du 12 mai 2023, avec le titre suivant : « Je ne veux pas mettre tous mes œufs dans le même panier »