ChatGPT, une opportunité pour la presse

Ces derniers sont aujourd’hui tellement denses en informations que ChatGPT peut en tirer une notice ou une visite guidée bien écrite et pertinente faisant parfaitement illusion, c’est-à-dire du niveau général des comptes rendus d’exposition dans les médias. Dès lors, à quoi bon des humains pour rédiger des articles que l’IA peut très bien produire pour 20 € par mois, 7 jours sur 7 et en quantité illimitée ? C’est aussi une menace pour les pseudos influenceurs en art, dont les posts sur Instagram sont surtout constitués de collaborations commerciales fades et complaisantes. Quoi qu’on en dise, toute cette eau tiède finira bien un jour par lasser les amateurs d’art de plus en plus éduqués et donc exigeants.Mais l’IA est aussi une formidable opportunité pour une presse à la peine qui se cherche un avenir. ChatGPT n’ira jamais visiter une exposition, ChatGPT n’a pas (encore) tout le savoir des historiens d’art. ChatGPT n’aime pas donner son avis et quand il le fait c’est dégoulinant de généralités et de louanges. L’IA ne sait que reproduire des schémas.

Seul un journaliste humain, armé de son intuition, peut mener des enquêtes en sollicitant des sources orales et en posant les bonnes questions. Seul un journaliste humain peut rendre compte sans biais de la pertinence d’une politique publique ou d’une nomination, des enjeux environnementaux des musées, du modèle des écoles d’art et des galeries. Seul un critique d’art humain peut porter un jugement éclairé sur une création contemporaine et dire en quoi elle est originale ou conventionnelle, en quoi c’est une œuvre d’art et pas une croûte, en quoi c’est une installation digne d’intérêt et pas un assemblage qui dissimule sa vacuité derrière un discours grave. Seul un journaliste humain peut commenter le propos et la scénographie d’une exposition en puisant dans ses autres visites, son savoir en histoire de l’art, son esprit critique.

C’est ce que Journal des Arts va s’attacher à renforcer dans sa ligne éditoriale en 2025, pour mieux intéresser ses lecteurs et donner une raison d’espérer à ses auteurs.