PARIS
Expositions. Alors que Culturespaces vient d’ouvrir, à New York, son huitième « centre d’art numérique » dans le monde, la RMN (Réunion des musées nationaux) inaugure son propre espace immersif dans une annexe désaffectée de l’Opéra Bastille avec une exposition consacrée à Venise.
Le lieu et l’exposition de la RMN sont loin d’être époustouflants. « Venise révélée », c’est son titre, ne révèle pas grand-chose et survole plutôt l’histoire et les monuments de la Sérénissime. Car, à l’inverse des expositions immersives de Culturespaces qui se situent délibérément dans un registre ludique et sensationnel, celle de la RMN entend apporter du contenu. Ainsi, les coursives qui entourent la fosse où sont projetés de grands diaporamas de la place Saint-Marc, le tout noyé dans une musique new age, les coursives donc racontent la géographie de la lagune et l’histoire de Venise à l’aide de plusieurs écrans interactifs et de panneaux de textes bien physiques. Une petite salle latérale tente de donner un aperçu (bien pauvre) de quelques quartiers de Venise au XVe siècle en s’inspirant de l’esthétique du jeu vidéo Assassin’s Creed. Une façon d’attirer le jeune public. Tout cela pour 20 euros (« billet open »), un tarif plutôt élevé pour une expérience décevante.
Mais ne jetons pas la pierre à la RMN, après tout « Rome ne s’est pas faite en un jour » et l’on ne doute pas que les ingénieurs et scénographes de l’établissement public feront mieux la prochaine fois. Pourquoi pas avec Rome d’ailleurs, car après Pompéi en 2020 (sa première exposition numérique) et Venise aujourd’hui, la RMN semble abonnée aux villes italiennes.
La RMN est dans son rôle lorsqu’elle se lance dans les expositions immersives dont Culturespaces a montré la formidable rentabilité. Celles-ci attirent des centaines de milliers de visiteurs, de sorte qu’avec leur modèle économique similaire à celui de l’édition (la même exposition peut-être dupliquée pour un coût marginal) elles génèrent des bénéfices inatteignables pour des expositions classiques faites de vrais tableaux et sculptures.
Elle est aussi dans son rôle de facilitateur de la démocratisation culturelle. Ce type d’exposition qu’il ne faut surtout pas juger avec les mêmes critères qu’une présentation classique peut inciter un public réticent à se rendre au musée à surmonter ses préjugés. Enfin c’est ce que l’on dit, car aucune enquête n’est encore venue étayer cet effet passerelle. Et quand on ressort de « Venise révélée », on a plutôt envie de voir un bon documentaire sur la cité à la télé.
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Expositions immersives, pas si simple
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°595 du 23 septembre 2022, avec le titre suivant : Expositions immersives, pas si simple