Economie - Musée

Le Grand Palais se met en retrait du GP immersif

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 5 septembre 2024 - 494 mots

PARIS

Chargeurs Museum Studio prend le contrôle de sa filiale.

Paris. Confronté à une situation économique et financière difficile, avec des pertes de 15 millions d’euros en 2023, le Grand Palais RMN a décidé de se désengager partiellement de son activité d’exposition immersive qu’elle avait créée avec la Banque des territoires et Vinci Immobilier en septembre 2022, dans la « salle modulable » de l’Opéra Bastille. Chargeurs Museum Studio (CMS) a acquis 52 % du capital et va en assurer la direction. Le département services aux musées du groupe Chargeurs garde la dizaine de salariés, en confie le management à Delphine de Canecaude, la directrice générale de CMS, et va réinjecter 3 millions d’euros dans la structure, un montant non confirmé par CMS.

« Cette filiale n’était pas loin de déposer son bilan, ce n’était plus tenable », explique Didier Fusillier, le président du Grand Palais qui a déjà fort à faire pour remplir le Grand Palais et dégager assez de bénéfices pour rembourser l’emprunt pour les travaux. Il peut déjà compter sur le succès des JO de Paris et l’exposition médiatique mondiale du Palais qui a accueilli les épreuves d’escrime et de taekwondo et offert un écrin incomparable pour la Marseillaise chantée depuis son toit par Axelle Saint-Cirel lors de la cérémonie d’ouverture. On relève à cet égard, que la marque (et l’activité) de la Réunion des musées nationaux (RMN) s’étiole progressivement. Depuis le début de cette année, l’établissement public communique sous le nom de GrandPalaisRmn.

Il garde cependant un œil sur la programmation qui entend bien se démarquer des expositions plus ludiques des Ateliers des Lumières (son propriétaire Culturespaces n’a pas souhaité commenter cette prise de participation) en conjuguant expérience immersive et contenu sérieux. Le processus de création des artistes constitue un axe fort de la nouvelle ligne éditoriale, « Nous voulons expliquer au public le mystère de la création et l’inciter à aller voir les œuvres dans les musées », explique Delphine de Canecaude. La prochaine exposition prévue en novembre sera ainsi une monographie de l’artiste pionnier du numérique Miguel Chevalier. Ce parti pris n’exclut pas pour autant des expositions sur des cités fascinantes comme celle sur Venise en 2022. Une plongée dans la Babylone antique est ainsi annoncée.

Ce positionnement moins divertissant que celui des Ateliers des Lumières permettra-t-il d’atteindre le million de visiteurs annuel des Ateliers ? Aujourd’hui, les expositions du GPI accueillent plutôt en moyenne 10 fois moins de visiteurs. Conscient de la difficulté de l’enjeu, CMS compte développer des soirées festives afin d’attirer le public « jeune » très nombreux dans les bars et restaurants dans le quartier et ainsi générer un autre flux de recettes. CMS mise aussi sur l’itinérance de ses expositions à l’étranger. Le catalogue compte cinq titres à son actif et va s’étoffer dans les années à venir , « il y a une forte demande à l’international », explique la directrice générale de CMS. Celle-ci n’entend cependant pas, comme son concurrent, ouvrir des antennes dans le monde en direct ou sous forme de franchise.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°638 du 6 septembre 2024, avec le titre suivant : Le Grand Palais se met en retrait du GP immersif

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