PARIS
La plus grande manifestation au monde consacrée aux arts extra-européens tient sa 23e édition au cœur du quartier de Saint-Germain-des-prés avec une soixantaine d’exposants.
Paris. Créé en 2002, le « Parcours des mondes » est devenu au fil des ans le plus grand événement mondial des arts extra-européens. Il revient pour la 23e fois, du 10 au 15 septembre, sous la présidence d’honneur de Marc Ladreit de Lacharrière. Les plus grands marchands du monde sont au rendez-vous pour présenter à un public de collectionneurs avertis mais aussi aux simples curieux, une sélection d’œuvres africaines, océaniennes, amérindiennes, asiatiques, antiques ou du Grand Nord qu’ils ont patiemment collectées, parfois sur plusieurs années, dans le seul but de les dévoiler à Saint-Germain-des-Prés. Comme c’est déjà le cas depuis plusieurs années, des œuvres d’art contemporain africain sont également exposées.
Son succès et sa longévité tiennent avant tout à la qualité des marchands qui y participent et à celles des œuvres qu’ils y présentent. « Mais le “Parcours” n’est qu’un moyen, un outil mis au service des marchands. Pour que cela fonctionne, ils doivent jouer le jeu, c’est-à-dire en être les acteurs actifs en sélectionnant le meilleur du meilleur, en apportant leur regard et leurs connaissances sur ces œuvres d’arts lointains », souligne Yves-Bernard Debie, avocat et le directeur général de la manifestation.
En même temps que grandissait la manifestation, Paris est devenue la capitale mondiale des arts premiers, coiffant au poteau les autres places qui ont eu de l’importance dans le passé, comme Bruxelles ou bien New York. « Cette place, elle la doit à un triumvirat composé, en plus du “Parcours des mondes”, du Musée du quai Branly-Jacques Chirac et de maisons de ventes dont essentiellement Christie’s et Giquello. Je crois beaucoup à cette interaction entre le monde muséal et le marché. Lorsqu’on combine en un même lieu le plus grand musée consacré aux arts lointains, la plus grande foire, c’est-à-dire les plus grands marchands, et les meilleures ventes publiques, le cocktail devient imbattable », estime Yves-Bernard Debie. Il ajoute : « Qu’on ne s’y trompe pas, néanmoins, ce quasi-monopole parisien est fragile puisqu’il repose tout entier sur la volonté de ses acteurs. Voyez ce qu’il est advenu de Bruxelles, de son grand musée dédié à l’Afrique centrale et de sa foire d’arts premiers. » Le défi du Parcours des mondes est de conserver un niveau d’excellence.
Comme l’an passé, 58 marchands dont 30 Français, ont répondu présents. Quelques-uns ont quitté le navire, à l’instar d’Alain Bovis, qui a décidé de fermer sa galerie au public et de redevenir exclusivement collectionneur, ou encore Stéphane Jacob. À la place, quatre nouveaux venus intègrent la manifestation, comme la galerie Gauchet Asian Art, ainsi que les trois marchands sélectionnés pour intégrer le secteur Showcase, initié l’an passé : Frank Van Craen (Bruxelles), Grégory Chesne (Lyon) et Christophe Person (Paris). Ce dernier, spécialisé en art contemporain africain, consacre son espace à un solo show du sculpteur malien Dogon Amahiguéré Dolo, disparu en 2022. Patrick & Ondine Mestdagh (Bruxelles), la galerie Furstenberg (Paris), qui expose de l’art précolombien, et Arte y Ritual (Madrid), reviennent après quelques années d’absence. Cette dernière est d’ailleurs venue avec une pièce majeure, un masque Yaouré (Côte d’Ivoire), ayant appartenu à Franco Monti (au-delà de 400 000 €).
Pour se démarquer les uns des autres, les exposants sont nombreux à miser sur des expositions thématiques avec des pièces qu’ils ont parfois mises de côté depuis des années. C’est le cas notamment de « Zones de Contact, Surréalisme, Afrique, Océanie, Amérique », proposée par Charles-Wesley Hourdé et Nicolas Rolland, une exposition de haute volée organisée en partenariat avec le Centre Pompidou qui célèbre le centenaire du Surréalisme et avec l’Association André Breton. Parmi les œuvres phares qui sont dévoilées, figure une sculpture Uli, Nouvelle Irlande, au pedigree en or, puisqu’elle a appartenu à André Breton lui-même ou bien un masque Elema, golfe de Papouasie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, provenant de la collection de Roberto Matta (autour de 200 000 €). Pablo Touchaleaum dévoile un ensemble de 14 statues Mbembe-Tigong du Cameroun (prix entre 10 000 et 40 000 €), tandis que Bruno Claessens, lui aussi mise sur des pièces provenant de ce même pays, en programmant une exposition inédite de 11 pièces Kaka.
Plusieurs temps forts viendront rythmer la manifestation, comme la remise du Prix Pierre Moos du livre d’art d’Afrique, d’Océanie et d’Amérique, organisée en partenariat avec Christie’s – récompensant un ouvrage publié entre 2023 et 2024 – ou bien encore l’exposition « Voyages immobiles », en collaboration avec la galerie Huberty & Breyne, de l’artiste François Avril et de sa nouvelle série de peintures et de dessins inspirés d’objets d’art d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques (chez Xavier Eeckhout).
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Parcours des mondes vise l’excellence
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°638 du 6 septembre 2024, avec le titre suivant : Parcours des mondes vise l’excellence