CANNES
PARIS [09.12.11] - Exclusif Journal des Arts - L’exceptionnel tableau de Caspar David Friedrich, repéré par deux antiquaires dans une vente publique à Cannes en février 2010 a été acheté par un collectionneur français pour 6,5 millions d’euros. Mais le Louvre a encore une année pour l’acquérir.
Le 10 février 2010, dans une vente courante de la SVV Azur Enchères Cannes, un petit tableau XIXe annoncé comme anonyme, représentant une chouette sur un arbre, estimé 100 euros, s’était envolé pour 350 000 euros. Les acquéreurs, les marchands parisiens Bertrand Talabardon et Bertrand Gautier, avaient reconnu un chef-d’œuvre du peintre romantique allemand Caspar David Friedrich, à partir d’une simple photo sur Internet. Julien Pichon, le commissaire-priseur de la vente, avait alors prévenu la vendeuse. Une action en nullité était entreprise pour erreur sur la substance. Mais plutôt que de s’engager dans une longue procédure judiciaire, « une transaction est intervenue entre les parties, explique Me Geoffroy Gaultier, l’avocat de la vendeuse. Ma cliente a reconnu le mérite des marchands d’avoir découvert l’œuvre sans l’avoir vue et de lui avoir donné une valeur. En leur qualité d’inventeur, elle leur a accordé 50 % de la propriété du tableau ».
Le Musée du Louvre se montre tout de suite intéressé par cette Chouette sur un arbre. L’huile sur toile de 25,5 x 31,5 cm se voit refuser le certificat d’exportation. Cela laisse trente mois à l’institution pour trouver la somme nécessaire pour l’acquérir, soit 6,5 millions d’euros. « L’artiste est dense et concentré. Il est monumental dans les petits formats. Celui-ci est un de ses plus beaux tableaux. Et sa provenance est extraordinaire : la collection du sculpteur David d’Angers », commente l’expert Éric Turquin, qui a conseillé la vendeuse après l’annulation de la vente aux enchères. Le tableau n’est pas classé « trésor national », mais il est « éligible à la qualité de trésor national », souligne Éric Turquin.
Près d’un an et demi s'est écoulé et le Louvre n’a pas trouvé la somme pour l’acheter. Les copropriétaires se sont alors tournés vers un amateur français ayant les moyens pour l’acquérir, ce qu’il a fait. À défaut d’être perchée sur les cimaises du Louvre, la Chouette reste en France. Car le nouveau propriétaire de ce petit bijou n’a pas l’intention de l’exporter hors de l’Hexagone, après expiration du délai de trente mois. Même si le tableau de Friedrich a changé de mains, il reste encore une grosse année à l’institution française pour lever des fonds en vue de son achat.
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La Chouette de Friedrich estimée 100 euros à Cannes en février 2010 a finalement été vendue 6,5 millions d’euros
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