CANNES [11.03.10] – Mis à prix 30 euros, un tableau s’avérant être de Caspar Friedrich a été adjugé récemment à Cannes 350 000 euros. Mais il en vaudrait dix fois plus. Les vendeurs demandent l’annulation de la vente.
Nombre de marchands et de collectionneurs avertis écument en permanence les salles de vente dans le but de découvrir une rare pépite qui aurait pu échapper à l’œil de l’expert ou du commissaire-priseur. C’est arrivé le 10 février dernier à Cannes chez Azur Enchères. Artclair.com peut aujourd’hui révéler cette information après plusieurs jours d’enquête.
Un tableau anonyme de petites dimensions, issu d’une succession, est présenté dans une vente courante à Cannes. Mis à prix : 30 euros. La photo de l’œuvre représentant une chouette sur un arbre dans un ciel nuageux éclairé par la lune, avait été préalablement publiée sur le site internet interencheres.com, un site d’annonces de ventes des commissaires-priseurs français. C’est alors que des professionnels reconnaissent la main d’un maître, en l’occurrence Caspar David Friedrich (1774-1840), chef de file de la peinture romantique allemande du XIXe siècle.
Les enchères sont très vite montées jusqu’à 350 000 euros (prix marteau) sous les yeux étonnés d’une assistance interloquée. Le tableau a finalement été emporté par la galerie parisienne Talabardon & Gautier pour une somme dérisoire, à en croire des spécialistes de la cote du peintre allemand. La petite huile sur toile vaudrait en effet autour de 3 millions d’euros !
Prenant conscience de leur manque à gagner, les héritiers vendeurs demandent l’annulation de la vente pour erreur sur la substance. La jurisprudence leur donne raison. Dans une vente aux enchères à Versailles en 1986, un tableau de Poussin, présenté comme étant de l’entourage du peintre, avait été acquis par les frères Pardo, marchands parisiens pour 1,6 millions de francs, avant d’être reconnu comme un authentique Poussin. Suite à un long procès, le propriétaire avait obtenu la restitution du tableau qui est finalement entré dans les collections du musée du Louvre à Paris pour 15 millions d’euros.
La toile de Caspar David Friedrich intéresserait à la fois le Louvre et le musée des Beaux-Arts d’Angers (Maine et Loire). Un article sur le peintre, publié en 1997 dans la revue du Louvre par Patrick Le Nouëne, conservateur en chef du patrimoine des musées d'Angers, mentionne trois tableaux de Friedrich dans l’inventaire après décès du sculpteur David d’Angers en 1856. L’un est décrit ainsi : « chouette sur un arbre dépouillé ». Ce pourrait bien être celui redécouvert à Cannes.
Le tableau adjugé à Cannes le 10 février 2010 chez Azur Enchères - S'agit-il de la « chouette sur un arbre dépouillé » de Caspar David Friedrich ? © interencheres.com
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Un tableau redécouvert de Caspar Friedrich secoue le petit monde des enchères
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