Foire & Salon

SALON D’ART ET D’ANTIQUITÉS

FAB Paris 2023 : un salon en devenir

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 1 décembre 2023 - 876 mots

PARIS

En rejoignant le Grand Palais éphémère, le salon d’antiquités a gagné en qualité tant des exposants et des pièces proposées que de la tenue générale, jetant les bases d’une manifestation digne de Paris.

L'édition 2023 de FAB Paris au Grand Palais éphémère. © Tanguy de Montesson
L'édition 2023 de FAB Paris au Grand Palais éphémère.
© Tanguy de Montesson

Paris. Le salon d’arts et d’antiquités FAB Paris, réunissant Fine Arts Paris et l’ex-Biennale des antiquaires, qui a accueilli 110 exposants et 20 000 visiteurs pendant une semaine, a refermé ses portes le 26 novembre sur une note positive. En s’installant cette année au Grand Palais éphémère, en lieu et place du Carrousel du Louvre – qui n’est pas adapté à ce type d’événement –, la manifestation a gagné en prestance. L’an prochain, elle investira le Grand Palais fraîchement rénové.

De l’avis général, le salon avait meilleure allure que l’an dernier, avec sa scénographie simple mais élégante (mis à part sa moquette marron…), une circulation aisée et des dimensions à taille humaine, sans oublier la présence de pièces de qualité et des stands soignés. Les nombreux marchands consultés se sont dits satisfaits de cette 2e édition – pas un seul ne s’est plaint – et tous ont salué la bonne ambiance qui régnait ainsi qu’une organisation de qualité.

Paris a plus que jamais une carte à jouer pour reprendre son rang, au moins en Europe, maintenant que Londres est affaibli depuis le Brexit (sans compter que le salon Masterpiece a jeté l’éponge) et que des décisions de Tefaf ont suscité le mécontentement de certains marchands depuis quelques éditions (la dernière en date étant son format raccourci sans revoir le prix de la location). Pour y parvenir, la capitale française se doit d’avoir un salon d’art généraliste d’envergure à côté de la foire d’art contemporain Paris+ par Art Basel.

Invités de marque

La venue d’Emmanuel Macron, accompagné notamment de Rima Abdul Malak lors de l’inauguration du salon a surpris tout le monde. C’est un signal fort envoyé au marché quand on sait qu’aucun président ne s’était déplacé depuis Nicolas Sarkozy en 2010. Par ailleurs, de nombreux conservateurs de musées étaient présents : Louvre, Orsay, Chantilly, Versailles, Arts Décoratifs et même Xavier Salmon de la Frick Collection de New York. On pouvait également croiser lors du dîner de gala ou les jours suivants dans les allées, les décorateurs Jacques Grange et Jacques Garcia, l’historien de l’art Pierre Rosenberg ou le collectionneur Jean Claude Gandur qui a acheté dès le premier soir pour sa fondation, une Vierge de l’Immaculée Conception en terre cuite polychromée, attribuée à Gervais II Delabarre, vers 1630, à la galerie parisienne Sismann (au-dessus de 200 000 €).

Quelques ventes…

Comme bien souvent sur ce genre d’événement, les ventes ont été inégales. « Certains marchands ont beaucoup vendu, d’autres moins, notamment les étrangers. Il faut qu’ils prennent leurs marques », a confié Louis de Bayser, le président du salon. Il faut dire que les exposants français jouaient à domicile – il est plus aisé dans ce cas de faire venir ses clients.

Le stand de la galerie de Jonckheere à FAB Paris 2023 © Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr
Le stand de la galerie de Jonckheere à FAB Paris 2023.
© Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr

Parmi ceux qui ont bien vendu, Franck Prazan (Paris) a trouvé le salon « très agréable au niveau de son ergonomie et de sa fréquentation». Il a cédé plusieurs tableaux – dont un de Jean Fautrier, un d’Alberto Magnelli et Couple à l’ovale de Maurice Estève (1930) – pour des prix entre 88 000 euros et 3,5 millions d’euros. La galerie de Bayser (Paris) a conclu une quinzaine de ventes, dont une étude d’écorché d’Eugène Delacroix, tandis que Xavier Eeckhout (Paris) a réalisé treize ventes (entre 4 000 et 230 000 €), dont Corbeau, un bronze de François Pompon, fondu vers 1929-1930 ; et la galerie suisse De Jonckheere a trouvé preneur pour plusieurs œuvres, entre 200 000 et 500 000 euros, dont Portrait de Charles IX de François Clouet (1561). C’était aussi le cas de la galerie de la Présidence, qui présentait deux ensembles rares, l’un composé de cinq bronzes (têtes et masques) d’André Derain et l’autre de trois toiles de Jean Dubuffet issus de la série de « l’Hourloupe » (dont L’Escalier, vendu 100 000 €). Elle avait également un acheteur intéressé pour Les Toits rouges, de Maurice de Vlaminck (plus de 250 000 €). Jacques Leegenhoek (Paris), content de renouer avec certains collectionneurs, a vendu plusieurs tableaux dont un « qui avait beaucoup de succès » : Portrait d’un humaniste, école flamande, vers 1560-1570, peut-être d’Anthonis Mor (autour de 100 000 €).

Stand de la Galerie La Présidence lors de Fab Paris 2023. © Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr
Stand de la Galerie La Présidence lors de Fab Paris 2023.
© Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr
Peu de marchands étrangers

Malheureusement – les organisateurs n’ont pas eu le choix des dates, un peu coincés avec Paris+ et Paris Photo en amont –, la manifestation s’est tenue au moment de Thanksgiving aux États-Unis, la privant en partie des clients américains. L’année prochaine, les dates seront décalées pour ne pas empiéter sur la fête américaine.

Le point à améliorer pour l’édition suivante ? « Réussir à faire se déplacer les visiteurs internationaux. Et pour cela, il faut faire venir davantage de confrères étrangers », répondait Louis de Bayser. Les galeries londoniennes Daniel Katz et Agnews seraient les bienvenues, tout comme d’autres galeries internationales de design (Laffanour, Jacques Lacoste…). « Sans doute le retour au Grand Palais va-t-il favoriser cela !», considère Jean-Christophe Charbonnier (qui a conclu quatre ventes, entre 20 000 et 100 000 €), heureux de participer à nouveau à un salon à Paris – ce qu’il n’avait pas fait depuis 2016.

Le Grand Palais n’étant pas extensible, il faudra néanmoins faire des choix.

Casque Suji-Bachi Kabuto, Japon, XIXe s, présenté sur le stand de la galerie Jean-Christophe Charbonnier lors de Fab Paris 2023. © Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr
Suji-Bachi Kabuto, Japon, XIXe s, présenté sur le stand de la galerie Jean-Christophe Charbonnier lors de Fab Paris 2023.
© Photo Ludovic Sanejouand pour LeJournaldesArts.fr

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°622 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : FAB Paris 2023 : un salon en devenir

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