PARIS
La première édition issue de la fusion des deux foires d’arts et d’antiquités a fait bonne figure malgré l’absence de marchands et collectionneurs étrangers.
Paris. Après s’être ignorés pendant cinq ans, La Biennale (ex-Biennale des antiquaires) et Fine Arts Paris – les deux principaux salons en France d’arts et d’antiquités – se sont réunis sous le nom provisoire de « Fine Arts Paris & La Biennale ». La première édition, qui s’est tenue au Carrousel du Louvre, a refermé ses portes le 13 novembre au soir après six jours d’exposition et plus de 17 000 visiteurs. De l’avis général, le salon a été de bonne tenue. Le décor, très sobre mais plutôt chic, malgré une scénographie de l’entrée peu inventive, a fait un peu oublier le lieu toujours aussi étroit. L’an prochain, la manifestation rejoindra les espaces du Grand Palais éphémère (puis le Grand Palais en 2024), du 21 au 26 novembre 2023.
Des conservateurs, comme Laurence des Cars (Musée du Louvre), Christophe Leribault (Musée d’Orsay) mais aussi le Getty (Los Angeles), le Musée de Chicago ou encore la National Gallery de Washington ont fait le déplacement, mais ils sont restés discrets sur leurs éventuels achats. Hormis les visiteurs français et européens présents, il y avait peu d’Américains et pas d’officiels. Ni Emmanuel Macron, ni Rima Abdul Malak ne sont venus.
Cette première édition se hisse au niveau de la Brafa de Bruxelles, mais elle est encore loin de Tefaf Maastricht, même si trente-cinq exposants présents participent également à la foire hollandaise. Quelques points doivent être améliorés, comme la présence de marchands étrangers de qualité, un renforcement de certaines spécialités telles que le design et l’art contemporain – domaines qui ont le vent en poupe et qu’aucun salon ne peut se permettre de bouder –, mais aussi les arts d’Asie et l’archéologie, trop peu représentés. « Dans un horizon de deux ans, il faut que nous réussissions à faire venir les gros collectionneurs étrangers et les grandes galeries internationales. D’ici là, nous devrions rivaliser avec Tefaf en matière de qualité, mais à plus petite échelle puisque le Grand Palais n’est pas extensible », reconnaît Louis de Bayser, président de la manifestation. Mais pour que les grands collectionneurs reviennent à Paris, il faudrait que les marchands ne gardent pas leurs plus belles pièces pour Maastricht.
Cependant, certains exposants n’ont pas hésité à apporter des pièces d’une valeur de plusieurs de millions d’euros, comme la galerie de La Béraudière (Bruxelles), qui avait rassemblé une quinzaine d’œuvres de Germaine Richier pour des prix allant jusqu’à 2,8 millions d’euros ; Steinitz (Paris) est venu avec un bureau plat attribué à André-Charles Boulle (1,7 M€) et Françoise Livinec (Paris et Huelgoat) avait apporté une toile de Marie Vassilieff à plus d’un million d’euros. Un effort peu récompensé puisque, à la fin de la foire, les très grosses pièces n’avaient pas encore trouvé acquéreur ou étaient en cours de discussion.
Les transactions ont été plus actives pour des prix entre 200 000 et 300 000 euros. Un marchand qui veut rester discret rapporte avoir vendu une vingtaine de pièces. Plus disert, la galerie De Jonckheere (Genève) affirme avoir vendu trois tableaux, dont une nature morte à moins de 500 000 euros : « Certes, nous avons travaillé mais, pour l’instant, le salon n’a pas l’aura commerciale de la biennale du passé ou de Tefaf Maastricht », reconnaissait Laura De Jonckheere.
Édouard Ambroselli (Paris) indique avoir conclu dix ventes sur les vingt-huit objets exposés pour des prix de moins de 15 000 euros et avoir reçu beaucoup d’intérêt (notamment de la part des institutions) pour ses pièces phares : un Bacchus, (vers 1652), en terre cuite de Michel Anguier (550 000 €) et une Tête de Saint Pierre, vers 1734, par Edme Bouchardon, esquisse préparatoire pour la statue de saint Pierre de l’église Saint-Sulpice à Paris (450 000 €). Xavier Eeckhout (Paris) a vendu sept pièces (dont Singe enroulé dans sa queue, d’Édouard-Marcel Sandoz, une Panthère de Roger Godchaux et un Marabout en bois, de Marcel Lémar) entre 15 000 et 85 000 euros ; la galerie Sismann (Paris) s’est départie de deux figures de pleureuses en plâtre issues d’un décor éphémère d’une grande machine funéraire de la fin du XVIIe siècle (moins de 300 000 €), d’une pietà souabe en bois polychrome du gothique finissant (entre 50 000 et 100 000 €) ou encore d’une majesté italienne gothique en bois polychrome. Jacques Leengenhoek (Paris) a trouvé acquéreur pour sa série des « Quatre saisons » de David Teniers le Jeune, Le Fou du roi, de Jacques Jordaens ainsi qu’une œuvre de Jean-Baptiste Carpeaux. Kevorkian (Paris) a cédé une dizaine de pièces parmi lesquelles un indicateur de qibla ottoman, une plaque en bronze du Luristan et un carreau d’Iznik (prix entre 5 000 et 50 000 €) ; la galerie de la Présidence (Paris) a vendu, entre autres, un tableau d’Henri Matisse, un de Johan Barthold Jongkind et un autre de Jean Dubuffet (à moins de 100 000 €). La galerie Chevalier (Paris) affirme avoir de « sérieuses touches » pour une imposante tapisserie, Le Bois– une pièce unique de 1947 – d’après un carton de Jean Lurçat (130 000 €).
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Fine Arts Paris & La Biennale : honorable mais peut mieux faire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°599 du 18 novembre 2022, avec le titre suivant : Fine Arts Paris & La Biennale : honorable mais peut mieux faire