Le salon qui peine à attirer des marchands étrangers parie sur le Grand Palais pour s’installer dans le calendrier des collectionneurs.
Paris. L’arrivée de FAB Paris – né en 2022 de la fusion des salons Fine Arts Paris et La Biennale –, marque une nouvelle étape dans la tentative de la place parisienne de retrouver sa place face à Tefaf et la Brafa sur l’échiquier international des foires d’art et d’antiquités.
Dans une scénographie signée Sylvie Zerat, 100 marchands (au lieu de 110 l’an passé et 86 en 2022) tiennent salon du 22 au 27 novembre dans la nef du Grand Palais tout juste rénovée. Un dîner de gala avant l’ouverture, une exposition muséale – des œuvres d’art prêtées par la villa Ephrussi de Rothschild –, un colloque sur les politiques d’acquisition des musées complètent l’offre culturelle de la manifestation.
L’un des principaux enjeux de cette édition était de séduire les marchands étrangers. « Honnêtement, c’était assez difficile de les faire venir cette année car ils sont très casaniers actuellement. Il faut dire que le marché est assez calme étant donné le contexte à la fois politique, géopolitique et économique », reconnaît Louis de Bayser, président de FAB Paris. Aussi les galeries étrangères sont-elles au nombre de 28, venues de Grande-Bretagne (8), Belgique (6), Italie (3), États-Unis (3) ou encore Suisse (4). C’est moins que l’année dernière où elles étaient 34. Des galeries comme Mayoral, von Vertes ou Neuse ne sont pas revenus.
L’autre objectif de FAB Paris est clairement affiché : faire venir de nouveaux collectionneurs, notamment étrangers. La fête de Thanksgiving ne se tient heureusement pas en même temps que le salon, comme c’était le cas l’an passé – de nombreux Américains n’avaient alors pas fait le déplacement en France. Pour autant, faire se déplacer ce type de public n’est pas chose aisée. En effet, « les marchands étrangers n’emmènent pas leurs clients, car s’ils viennent en France, c’est justement pour bénéficier de la clientèle française », explique Hélène Mouradian, directrice de l’Agence d’événements culturels, organisatrice de l’événement. Ajoutons que les marchands, à de rares exceptions près, ne partagent pas leurs fichiers clients… « Notre seul levier est d’inviter des prescripteurs étrangers, que ce soient des journalistes ou des conservateurs et directeurs de musée. D’ailleurs, le colloque sur la politique d’acquisition des musées américains et des musées français va attirer nombre de conservateurs étrangers cette année », se réjouit Hélène Mouradian.
La configuration générale du salon a quelque peu évolué par rapport à 2023, puisque 42 exposants ne sont pas revenus, tandis que 25 % de sang neuf a été injecté. Ainsi, 27 nouvelles galeries ont intégré la manifestation, à l’instar d’Almine Rech (Paris…), de Richard Green (Londres), Röbbig München (Munich), Stern Pissarro (Londres) ou encore David Ghezelbash (Paris).
Le secteur de l’art moderne et d’après-guerre reste majoritaire et voit même ses rangs grossir avec 33 exposants contre 29 l’an passé. Parmi les œuvres à découvrir, Paysannes assises, causant, une huile sur toile de Camille Pissarro chez Stern Pissarro (2,5 M€, [voir ill.]) ou Composition au camée jaune (1931), de Fernand Léger, à la galerie Traits Noirs (Paris). En revanche, l’art contemporain est présent en sourdine car s’il est visible sur plusieurs stands, par touches, notamment sur celui de Jacques Elbaz (Paris) avec une exposition de Jean-Baptiste Sécheret, né en 1957 (prix entre 38 000 et 150 000 €), les galeries exclusivement dévolues à l’art contemporain se comptent sur les doigts d’une main (RX [Paris], A Lighthouse called Kanata [Tokyo] ou Almine Rech). S’ajoute le design qui recense cinq exposants, dont trois nouveaux venus parmi lesquels Jousse Entreprise (Paris) apportant une Bibliothèque Mexique, 1952, de Charlotte Perriand.
Autre domaine fort, les tableaux anciens, avec une vingtaine de galeries exposant des œuvres importantes, à l’instar des Quatre Saisons Santacroce, de Francesco Albani, dit l’Albane, (2 M€), sur le stand de la Laocoon Gallery (Londres) ou d’un Portrait de gentilhomme du Tintoret, chez Miriam di Penta (Rome).
Une spécialité reçoit les honneur du salon : la sculpture. Qu’elle soit antique, comme le Buste d’Isis allaitant Horus [voir ill.],Égypte, époque saïte, chez Arteas (Londres) ; européenne ancienne (Diane endormie, vers 1660, de Philippe de Buyster chez Édouard Ambroselli [Paris]), du XIXe siècle (Portrait en buste d’Élisabeth A. Demidoff, née comtesse Stroganoff, vers 1810, de Bertel Thorvaldsen, sur le stand de Trebosc & van Lelyveld [Paris]) ou moderne, comme cette Pintade, 1928, un bronze de François Pompon chez Xavier Eeckhout (Paris).
Moins présents, les arts extra-européens (arts premiers et arts asiatiques) ainsi que l’archéologie ne sont mis en lumière que par dix marchands – rappelons que chacune de ces disciplines dispose d’un salon de spécialité, ainsi Parcours des mondes pour les arts premiers.
Et même si le mobilier XVIIIe, représenté notamment par les galeries parisiennes Steinitz et Léage, se fait rare – il en va de même des arts décoratifs anciens –, le juste équilibre en art ancien et art moderne est conservé puisque les disciplines liées aux antiquités totalisent plus d’une trentaine d’exposants. Voire plus si l’on y ajoute les livres anciens, avec 7 marchands, et la joaillerie (8), dont la maison G. Torroni (Genève) qui présente un bracelet « dragon ball » en fibres de carbone, or, diamants et micromosaïque (500 000 €).
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FAB Paris mise sur le Grand Palais
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°643 du 15 novembre 2024, avec le titre suivant : FAB Paris mise sur le Grand Palais