La nouvelle version du logiciel d’intelligence artificielle produit des images étonnantes mais encore peu artistiques.
L’intelligence artificielle (IA) se développe très vite dans le domaine de l’art. Conçue par la société OpenAI, basée à San Francisco, Dall-E est un programme d’intelligence artificielle qui crée des images à partir d’un texte. Il fonctionne sur le même principe qu’un autre logiciel d’OpenAI, ChatGPT, cet agent de conversation qui peut générer du texte à partir d‘une question ou d’un ensemble de mots. OpenAI a rendu public il y a quelques semaines une nouvelle version de Dall-E que chacun peut tester en se connectant simplement avec un mail, un mot de passe et un numéro de téléphone.
Lors de l’inscription sur la plateforme Dall-E, l’utilisateur reçoit 50 crédits gratuits, prolongé par 15 crédits gratuits par mois. On peut également acheter des crédits par tranche de 115 unités, pour 15 $. Chacun de ces crédits permet de faire une requête à l’IA. Chaque requête permet d’utiliser jusqu’à 400 caractères, et ainsi spécifier le style graphique (peinture à l’huile, dessin, art digital, photo, etc…), le sujet…. Exemple, la requête « un bulldog français avec des lunettes et un béret » offre 4 propositions dont celle-ci :
Une requête produit donc 4 images différentes, qui forment une « collection ». Il est possible de retoucher ces images avec des modifications très simples, comme ajuster les bordures ou effacer certaines parties et de les télécharger, gratuitement. On peut également demander à Dall-E de générer une nouvelle collection à partir d’une image précédemment créée ; on appelle cela une « variation » (moyennant une unité de crédit). Les images produites par l’IA ne sont pas protégées par un quelconque droit d’auteur puisque créées par une machine et non une personne. Mais on imagine que les prétoires vont connaître une inflation de litiges dans ce domaine.
Les crédits gratuits sont valables un mois, alors que les payants restent valables 12 mois à compter de la date d’achat. Il existe aussi une option « Surprise me » (surprenez-moi) qui propose une requête élaborée par l’IA elle-même.
La modération est fortement présente. Il n’est pas possible de créer des images violentes ou érotiques. Si on tape les mots « personne nue », un message nous indique que la requête est « non-conforme à la politique de contenu » du site. De même les mots « gay » et « lesbien » sont bannis. C’est aussi le cas de certains personnages historiques. Si on peut ainsi « s’amuser » à créer un portrait (peu ressemblant) de Mussolini ou du Pape, on ne peut le faire pour Hitler ou Poutine.
Des filtres qui limitent forcément les possibilités de création. Ainsi les requêtes « Judith décapitant Holopherne », « David tuant Goliath » ou « Enlèvement des Sabines » produit des images peu ou pas du tout conformes au sujet demandé, avec des personnages qui semblent perdus. De même, les tentatives pour créer par exemple, un paysage impressionniste, ou pour s’approcher précisément d’un style pictural quel qu’il soit, est peu concluant. Voici par exemple ce que l’on obtient en tapant simplement les mots « Mona Lisa » :
Dall-E sait produire un dessin, un vitrail, le rendu d’une photo ou d’une peinture. Mais il ne permet pas de reproduire un style graphique de manière très précise. L’IA fonctionne plutôt par association d’images que par reproduction fidèle. Elle est ce qu’on appelle un système neuronal, c’est-à-dire qu’elle acquiert des compétences en analysant d’immenses quantités de données numériques. Cela lui permet de passer en revue toutes les images associées à un mot, ainsi que les caractéristiques de ces images. Plus une requête est précise, avec beaucoup de mots, plus l’IA va traiter d’informations et affiner ces caractéristiques. Ensuite, un deuxième réseau neuronal génère les pixels nécessaires à leurs réalisations. La technologie fonctionne plutôt bien quand on lui soumet beaucoup de mots. Voici par exemple une « Nature morte au panier de pommes et poires dans une vieille cuisine » :
Son intérêt réside surtout dans sa capacité à créer des images insolites, voir surréalistes, par ses effets de montage. Exemple avec ce « Portrait à la Vermeer de jeune loutre à la perle » :
