Royaume-Uni - Brexit

Un rapport britannique souligne en creux les menaces du Brexit culturel

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 3 novembre 2016 - 685 mots

LONDRES (ROYAUME-UNI) [03.11.16] – La fédération britannique des industries créatives s’est penchée sur les défis du secteur culturel britannique à plus ou moins long terme après le vote du Brexit. Dans la perspective des négociations à venir, elle pointe les problématiques humaines, financières, économiques et juridiques.

La Fédération des industries créatives (Creative Industries Federation) a présenté le 27 octobre le Rapport Brexit à la ministre de la Culture, des Médias et du Sport, Karen Bradley. Réalisé avec l’aide de 500 contributeurs issus du milieu, ce rapport dresse un état des lieux de la situation actuelle du secteur des arts, des industries créatives et de l’éducation culturelle du Royaume-Uni.

Qualifié de « secteur à plus forte croissance économique du pays », le secteur culturel n’en reste pas moins confronté à d’importants enjeux après le vote pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) : emploi, financements et protections juridiques issus de l’UE sont menacés de même que les échanges commerciaux si aucune action n’est entreprise par le gouvernement.

Conçu comme un guide pour la sortie de l’UE à destination des politiques, le rapport Brexit formule ainsi, 75 pages d’argumentaires à l’appui, des recommandations pour résoudre les défis du court terme et assurer la croissance du secteur sur le long terme dans quatre domaines.

1. Education, emploi et libre circulation des personnes
En priorité, le gouvernement est invité à confirmer que les citoyens européens qui travaillent au Royaume-Uni sont autorisés à rester sur le territoire britannique. Les travailleurs européens représentent en effet entre 30 et 40 % de l’emploi dans le secteur culturel du pays, un pourcentage qui serait encore plus élevé au sein des galeries d’art. Nicholas Serota, directeur des musées de la Tate qui va bientôt prendre la tête de l’Arts Council England, a d’ailleurs affirmé que le succès de la Tate était largement dû à l’aptitude d’employer des spécialistes venant de l’UE. Sur le long terme, le gouvernement devra revoir sa politique d’immigration et la Fédération des industries créatives suggère la création d’un visa spécial pour les travailleurs. Elle encourage par ailleurs l’adaptation du système éducatif aux besoins du secteur.

2. Financement
Le Royaume-Uni est l’un des pays à recevoir le plus de fonds culturels de l’UE (via Creative Europe) et est le second pays, juste après l’Allemagne, à toucher la plus importante dotation d’Horizon 2020, un programme doté de 80 milliards de livres. L’objectif pour le Royaume-Uni est de conserver ces sources de financement, notamment en poursuivant sa participation au programme Creative Europe, ou de trouver des sources alternatives.

3. Economie, fiscalité
Le gouvernement devra assurer l’accès des industries créatives au marché européen sans l’imposition de barrière non tarifaire. Parallèlement, afin d’assurer l’attractivité du territoire britannique, le gouvernement est invité à maintenir les réductions d’impôt applicables au secteur culturel.

4. Droit
La Fédération des industries créatives préconise la poursuite des négociations relatives au marché unique numérique et à l’échange des données et exige le maintien de la législation européenne en matière de propriété intellectuelle.

Enfin, si Theresa May a fait savoir dès le mois de juillet que le Royaume-Uni renonçait à assumer la présidence tournante du Conseil de l'UE en 2017, reste en suspend la question de la capitale européenne de la Culture en 2023. Les villes de Leeds, Dundee, Milton Keynes et probablement Bristol étaient candidates.

Au Royaume-Uni, 96 % des professionnels du secteur culturel étaient partisans du maintien du pays au sein de l’UE. Mais le 23 juin 2016, le scrutin a donné raison aux partisans du « leave » à 51,89 %. Un des effets immédiats des résultats du référendum a été la démission de David Cameron, la baisse de la livre sterling et le retour de l’inflation. Les autres conséquences de ce vote demeurent encore inconnues puisque la mise en œuvre du Brexit, via l’article 50 du Traité de Lisbonne, pourrait durer deux ans, même si la nouvelle Première Ministre Theresa May a assuré activer l’article avant mars 2017. Dans l’intervalle, de multiples discussions préliminaires sont menées dans la perspective des négociations avec Bruxelles et c’est dans ce cadre que la Fédération des industries a publié son rapport.

Légende photo

Illustration sur le Brexit - Image Elionas2 - 2016 - Licence CC0 Public Domain

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