LONDRES / ROYAUME-UNI
La nouvelle ministre britannique de la culture a l’image d’une élue peu favorable aux arts et voulant limiter l’immigration.
La nomination en juillet dernier de Nicky Morgan au poste de ministre du numérique, de la culture, des médias et du sport ne ravit toujours pas le monde britannique de la culture. En novembre 2014, celle qui occupait alors le poste de ministre de l’éducation avait en effet déclaré à propos de l’orientation des collégiens : « Si vous voulez faire quelque chose de différent ou même si vous ne savez pas quoi faire (..) alors vous choisissez l’art et les sciences humaines ». Avant d’insister sur le fait que la science, la technologie, l’ingénierie et les maths sont « les matières qui gardent les options ouvertes pour les jeunes et ouvrent les portes vers toutes sortes de carrière ».
Il est vrai que ces propos avaient été prononcés dans un discours de promotion des sciences et des mathématiques. Les aptitudes des élèves britanniques s’avèrent en effet traditionnellement faibles dans ces domaines. Elles n’en avaient pas moins provoqué des craintes dans un secteur artistique qui commençait déjà à sentir les effets financiers des mesures d’austérité prises en 2010 par le gouvernement conservateur de David Cameron. Un gouvernement assurément plus inspiré par le mot « productivité » que « créativité ».
L’avenir a montré que leurs craintes étaient fondées et que les déclarations de la ministre de l’éducation n’avaient sans doute pas été sans conséquence : le nombre d’élèves choisissant des matières artistiques dans le cadre du GCSE, l’équivalent du brevet français, a diminué de 28 % entre 2014 et 2019, et plus généralement de 38 % depuis 2010.
Un autre aspect de la ministre alerte les artistes : ces dernières années, Nicky Morgan s’est constamment déclarée favorable au durcissement des règles d’immigration. « Les moyens de subsistance des musiciens dépendent de leur capacité à voyager aisément et pour un coût faible avec leurs instruments dans de multiples pays de l’Union européenne pendant une courte période » a pourtant rappelé Deboarah Annetts, la directrice de l’Incorporated Society of Musicians, la principale organisation de musiciens. Ceux-ci peuvent pourtant souffler quelques instants : le gouvernement britannique ne mettra pas fin à la liberté de mouvements avec l’UE au lendemain du Brexit, comme il l’avait un instant imaginé. Un Brexit ordonné accorderait un délai de quelques années avant l’entrée en vigueur de mesures bien plus drastiques, qui semblent aujourd’hui inévitables.
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Nicky Morgan, une nomination peu rassurante au ministère britannique de la culture
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