Un nouveau Guggenheim Museum s’ouvre à Bilbao. Construit par l’architecte américain Frank Gehry, il sera inauguré le 18 octobre avec l’exposition "Les musées Guggenheim et l’art du XXe siècle" qui présentera trois cents œuvres au public. Aux pièces déposées par la Fondation Salomon R. Guggenheim de New York, s’ajoutent celles acquises par les conservateurs grâce aux 50 millions de dollars versés par le gouvernement basque Le musée offrira ainsi un aperçu complet de l’art américain et européen de la dernière partie de ce siècle.
BILBAO. Le grand projet destiné à faire renaître commercialement et culturellement la quatrième ville d’Espagne se concrétise avec l’ouverture du Guggenheim Museum de Bilbao. À l’origine de l’opération, un consortium soutenu par l’État espagnol et la Communauté européenne, regroupant depuis 1989 les leaders politiques de la province basque et des sponsors privés. En contact avec la Fondation Guggenheim depuis 1991, il avait pour objectif principal la création d’un musée d’art moderne à Bilbao. Selon Juan Ignacio Vidarte, directeur général du nouveau Guggenheim, le musée a “réuni une collection avec une identité spécifique”. Un comité administré par le consortium basque a acquis “auprès de marchands aux États-Unis ou en Europe, et parfois auprès des artistes eux-mêmes, des œuvres qui ont permis de combler les lacunes de la collection déposée par la Fondation Guggenheim”. Des œuvres individuelles et des ensembles ont ainsi été achetés, et des installations spécialement commandées.
"La plus belle construction de notre époque"
Le Guggenheim Museum de Bilbao "vise à développer un centre d’art moderne et contemporain comparable aux institutions artistiques les plus importantes d’Europe", et attirera autant les visiteurs par sa collection que par son architecture. L’édifice est l’œuvre de Frank Gehry (68 ans). Selon Juan Ignacio Vidarte, "il correspond au but initial et est à même d’accueillir une collection importante". Installée dans la partie industrielle de la ville, cette structure recouverte de titane était encensée par la critique avant même son ouverture. Pour l’architecte de Los Angeles, elle évoque un navire – image symbolique pour une ville dont l’économie est dominée par les chantiers navals et par l’acier. Les critiques l’ont comparée à une cathédrale, et Philip Johnson, le doyen des architectes américains, a déclaré : "Il s’agit peut-être de la plus belle construction de notre époque. Il en émane clarté et solennité". Cela fait vingt ans que Frank Gehry construit des musées. En 1983, pour réaliser le “Temporary Contemporary” du Los Angeles Museum of Contemporary Art, dans un vieux dépôt d’autobus du centre-ville, il avait utilisé du béton, du contreplaqué, des maillons de chaînes et de la tôle ondulée : c’est avec ces mêmes matériaux qu’il construit ses maisons résidentielles à Los Angeles. Plus récemment, il a construit le Frederick R. Weisman Museum à Minneapolis, et à Paris l’American Center (fermé après faillite). Il a aussi supervisé la rénovation du Norton Simon Museum à Pasadena, en Californie. Et ce n’est pas l’échec de son ambitieux projet de Disney Concert Hall, dans son Los Angeles natal, qui va ternir sa réputation. L’interruption de la construction, au cours de l’été 1996, pour dépassement de budget, mauvaise gestion et insuffisance des fonds recueillis – pour une structure évaluée à 260 millions de dollars –, a certes été attribuée à sa “conception extravagante, excentrique et fantasque” et publiquement ridiculisée (même si l’architecte n’était en rien responsable de cet échec). Toutefois, grâce à une très active collecte de fonds, le Concert Hall est aujourd’hui presque terminé et la réputation de Frank Gehry, chez lui, a retrouvé son éclat.
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Un navire-cathédrale contemporain à Bilbao
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°45 du 10 octobre 1997, avec le titre suivant : Un navire-cathédrale contemporain à Bilbao