Musée

RÉNOVATION

Troyes lance le chantier de son pôle muséal

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 2 février 2018 - 783 mots

TROYES

La fermeture du Musée d’art moderne de Troyes prévue pour avril lance la première phase des travaux de son futur pôle muséal. Un projet ambitieux dans ses intentions, mais économe de ses moyens.

Le Musée d'art moderne de Troyes © Carole Bell, ville de Troyes
Le Musée d'art moderne de Troyes
© Carole Bell, ville de Troyes

Troyes. Le 3 avril prochain, le Musée d’art moderne de la Ville de Troyes (MAM) fermera ses portes, marquant le début de la phase opérationnelle des travaux du futur « pôle muséal » de la ville, attendu depuis de longues années. « Les études de programmation datent de 2010-2011, la rénovation est une œuvre de longue haleine », explique Éric Blanchegorge, directeur des musées de la Ville de Troyes en poste depuis 2013, à la tête des six musées municipaux.

Musée d’art moderne, Musée des beaux-arts et d’archéologie, Musée de la bonneterie, Musée d’art champenois du XVIe siècle, Museum : ces musées de France sont actuellement répartis sur trois sites, à l’étroit dans des bâtiments ne correspondant plus aux normes modernes. Une enveloppe globale de 17 millions d’euros est prévue pour rénover, rationaliser les espaces de ces musées et créer un nouveau lieu, le Centre européen Mailles Mode Marques (CE3M), dans une ancienne usine rachetée par la mairie en 2012. « C’est un budget réaliste et modeste » au vu de l’ampleur des travaux qui vont être engagés souligne Marc Sebeyran, adjoint au maire de Troyes chargé de la culture et de la protection du patrimoine.

À l’heure où beaucoup de municipalités sont engagées dans des chantiers d’extensions contemporaines, de geste architectural et de chamboulement urbanistique, le projet troyen peut, en effet, paraître modeste. Au MAM, créé en 1976 grâce au don de Pierre et Denise Lévy, il est prévu de gagner en espaces d’expositions et de services au public en déménageant les bureaux de la conservation et la bibliothèque interne à quelques centaines de mètres. « Il s’agit d’augmenter de 400 à 500 m2 les espaces d’exposition permanente pour ouvrir un cabinet d’art graphique, et créer des espaces d’exposition temporaire consacrés exclusivement à cet usage », détaille le directeur des musées. « Le “back-office” est sorti du Palais épiscopal, lieu historique classé. Il n’y restera que les œuvres et les services au public », poursuit Éric Blanchegorge. Le reste du chantier sera dévolu à la remise aux normes techniques et à l’accessibilité. La ville espère rouvrir le musée rénové fin 2019.

Valoriser le tissu local

Au Musée des beaux-arts et d’archéologie, le chantier sera plus important. « Si le MAM date de 1982, certaines parties du Musée des beaux-arts n’ont pas bénéficié de rénovations modernes. Il y a de très gros rattrapages à effectuer en termes de normes et d’accessibilité », explique pudiquement le conservateur en chef. Le musée, sur le site « Saint-Loup », agrégats de bâtiments du XVIIe et du XIXe, s’est vu adjoindre un pavillon en béton en 1967 pour accueillir la bibliothèque municipale, aujourd’hui déménagée dans une médiathèque toute neuve. Ce bâtiment, entièrement repensé,– « on ne gardera que les façades et le toit » selon Éric Blanchegorge – servira dorénavant d’espace d’accueil au musée et de services, pour laisser aux constructions anciennes l’intégralité des surfaces dévolues aux collections. Au sous-sol, un parcours archéologique renouvelé, où le mobilier princier de la tombe celte de Lavau, mis au jour en 2015, et actuellement restauré au C2RMF (Centre de recherche et de restauration des musées de France) sera exposé. Au rez-de-chaussée, on trouvera un parcours consacré au Moyen Âge et à la Renaissance et enfin, la grande salle historique de la bibliothèque du XVIIe, actuellement fermée pour des raisons de sécurité, sera dévolue aux expositions temporaires. Entre les travaux de structure, les remises aux normes et l’accessibilité, le musée devrait fermer de 2019 à 2021.

Enfin, Troyes va se doter d’un nouvel équipement culturel à l’horizon 2021 : le Centre européen Mailles Mode Marques (CE3M) va absorber l’actuel Musée de la bonneterie et le Muséum. Le Musée de la bonneterie est aujourd’hui abrité dans l’hôtel de Vauluisant, pavillon du XVIe siècle, très peu commode pour l’activité muséale et l’exposition de machines industrielles. Le jeu des chaises musicales va donc libérer l’hôtel particulier, qui retrouvera le giron de la mairie. Le CE3M, dans une immense usine du quartier du Vouldy, aura pour tâche de « montrer la permanence des savoir-faire du territoire » dans un tissu industriel qui perdure. Le Musée de la bonneterie propose en 2018 une exposition sur les 100 ans de la célèbre petite culotte Petit Bateau, dont les usines sont toujours en activité sur le territoire troyen.

Le Musée d’art moderne poursuit ses activités hors-les-murs le temps de sa fermeture. Si des expositions dossiers sont déjà prévues en partenariat avec la médiathèque municipale, le directeur des musées se projette plus loin. Des négociations sont en cours pour organiser la circulation d’une exposition dédiée à la collection Lévy, en France et à l’étranger.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°494 du 2 février 2018, avec le titre suivant : Troyes lance le chantier de son pôle muséal

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque