Paris
"Qu'il ferme sa gueule" : en voulant affirmer brutalement son autorité sur l'architecte en chef de Notre-Dame dans le débat sur la reconstruction, le général Georgelin missionné par l'Elysée pour piloter l'opération s'est attiré les foudres du ministre de la Culture et de sénateurs.
"Les propos du général Georgelin à l'encontre de Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques en charge de Notre-Dame, ne sont pas acceptables", a cinglé Franck Riester sur Twitter jeudi. "Le respect est une valeur cardinale de notre société. En tant que responsables publics, nous devons être exemplaires".
Les membres de la commission de la Culture du Sénat, tous groupes politiques confondus, "stupéfaits", estiment pour leur part dans un communiqué que "les conditions ne sont désormais plus réunies" pour que le militaire soit "en capacité de fédérer" les différents acteurs autour de ce projet.
Interrogé mercredi par des députés sur l'avenir de Notre-Dame et notamment sur la question ultra-sensible de la reconstruction de la flèche de la cathédrale, détruite dans l'incendie géant du 15 avril, le général Georgelin s'en est pris à l'architecte en chef, favorable à une restauration à l'identique.
"Je lui ai déjà expliqué qu'il ferme sa gueule et que nous avancions en sagesse pour que nous puissions sereinement faire le meilleur choix pour Notre-Dame, pour Paris, pour le monde", a lancé l'ancien chef d'état-major des armées devant la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale, en réponse à une question d'un député.
Philippe Villeneuve s'était prononcé dès le mois de juin pour une restauration "à l'identique" de la flèche érigée par l'architecte Viollet-le-Duc en 1859. "Je suis dans la restauration de ce qui existe", avait-il insisté à la mi-octobre sur RTL. "Le futur c'est soit « je restaure à l'identique, ça sera moi », soit on fait une flèche contemporaine et ça sera un autre".
Édifice "toujours en péril"
Le président de la République avait pour sa part exprimé sa volonté d'inscrire un "geste contemporain" sur l'édifice emblématique. En nommant l'ancien chef d'état-major des armées pour piloter la reconstruction, qu'il souhaite d'ici 5 ans, Emmanuel Macron a parié sur un homme qui ferait avancer avec la détermination d'un chef de guerre ce chantier d'une extrême complexité.
Interrogé mi-octobre sur l'éventualité d'un concours d'architectes qui inquiète les défenseurs du patrimoine, M. Riester a relativisé: "Est-ce que ce sera un concours d'architectes, un concours d'idées, tout cela n'est pas finalisé, tout cela doit être affiné". Le ministre a assuré que même si le dernier mot reviendrait à l'Etat propriétaire, celui-ci écoutera "l'avis tout particulier et fondamental" du diocèse et aussi de la Ville de Paris.
De son côté, Philippe Villeneuve, au chevet de la cathédrale depuis 2013, a estimé que le délai de cinq ans de travaux fixé par le chef de l'État pour la restauration de la cathédrale gothique n'était tenable que "si on refai(sait) à l'identique" car on gagnerait alors "un temps certain".
"Les 5 ans, on les obtiendra par la rigueur du chantier, le choix des bonnes expertises", a souligné Jean-Louis Georgelin mercredi devant les députés. Pour les choix concernant les orientations du chantier, et notamment le choix pour la flèche, il a donné rendez-vous en 2021. D'ici là, il a souhaité "apaiser le tohu-bohu" dans la communication autour des travaux. Et a insisté sur l'importance de finaliser d'abord la sécurisation de l'édifice, "toujours en péril" tant que n'a pas été démonté l'ancien échafaudage qui le chapeaute.
Avec l'arrivée de l'hiver, "nous ne sommes pas à l'abri d'un fort coup de vent qui pourrait déstabiliser cet échafaudage", a souligné le général Georgelin. L'établissement public que dirigera le général Georgelin sera officiellement lancé avec un premier conseil d'administration prévu début décembre.
Cet article a été publié par l'AFP le 14 novembre 2019.
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Notre-Dame : le général Georgelin rappelé à l'ordre pour avoir tancé l'architecte en chef
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