La crise sanitaire n’a pas affecté outre mesure les procédures de classement et d’inscription au titre des monuments historiques en 2020.
En baisse par rapport aux années précédentes, le nombre de nouveaux édifices protégés en 2020 a quelque peu pâti des confinements à répétition et de l’incitation au télétravail. Dans certaines Directions régionales des affaires culturelles (Drac), l’adaptation des réunions physiques au format numérique a pris quelques mois : un certain nombre de réunions des commissions régionales de l’architecture et du patrimoine, qui statuent notamment sur les nouvelles protections, n’ont pas pu se tenir au printemps dernier. On compte ainsi deux cents nouvelles inscriptions en 2020, contre deux cent soixante en 2019 et deux cent quarante en 2018. Ce chiffre devrait remonter dès 2021 : les demandes, nombreuses, sont désormais facilitées par le dépôt de dossier en ligne mis en place par le gouvernement.
Le nombre d’édifices classés – le plus haut degré de protection – connaît en revanche une légère hausse en 2020, avec trente monuments supplémentaires. Un chiffre porté par la poursuite des campagnes de protection des monuments aux morts, commencées pour le centenaire de l’armistice de 1918. En Bourgogne, huit monuments inscrits en 2016 sont désormais classés : parmi eux, celui de Montceau-les-Mines, œuvre d’Antoine Bourdelle, et celui de Tournus, juché sur une colonne romaine réemployée. Autre classement mémoriel notable, celui du monument aux morts de la Légion étrangère à Aubagne (Bouches-du-Rhône).
Partout en France, les efforts menés autour du patrimoine récent se concrétisent par de nouvelles protections. Le seul édifice parisien classé en 2020 est ainsi le « Paquebot » du boulevard Victor dans le 15e arrondissement, chef-d’œuvre Art déco de Pierre Patout. Dans les Hautes-Pyrénées, c’est l’œuvre d’Edmond Lay qui est doublement classée : une maison et l’atelier de l’architecte moderniste. À Pessac, la protection de la Cité-Frugès, quartier ouvrier construit par Le Corbusier, se poursuit peu à peu : deux nouvelles maisons sont inscrites au titre des monuments historiques et rejoignent ainsi les seize autres déjà protégées en 2019. Dijon protège même son 1 % artistique, avec l’inscription de quatre sculptures sur le campus universitaire, œuvres d’Arman, Yaacov Agam, Gottfried Honegger et Karel Appel.
Des lieux emblématiques accèdent également au classement, comme le château du marquis de Sade à Saumane (Vaucluse), ou le vieux château de Neubourg (Eure), théâtre des intrigues politiques de la guerre de Cent Ans. Ailleurs, c’est un patrimoine à l’histoire plus modeste qui est protégé : à Alciette (Pyrénées-Atlantiques), une petite chapelle rurale au remarquable décor baroque est désormais classée. À Saint-Pierre et Miquelon, c’est une modeste maison de pêcheur et la cathédrale d’inspiration basque qui accèdent à la plus haute protection patrimoniale.
Ces deux édifices ultra-marins ont connu un récent coup de projecteur grâce au soutien de la « Mission Stéphane Bern ». Une dizaine de monuments sortis de l’ombre par la Fondation du patrimoine sont ainsi représentés parmi les premiers inscrits de la cuvée 2020, certainement aidés par ce coup de projecteur médiatique. Des édifices aussi divers que l’observatoire météorologique du Mont Aigoual (Gard), le théâtre des Bleus de Bar à Bar-le-Duc ou les caves du digestif Byrrh (cuves comprises) dans les Pyrénées-Orientales cumuleront désormais les bénéfices du label Fondation du patrimoine et ceux de l’inscription aux Monuments historiques.
Toujours bien représentée, la protection du patrimoine religieux recèle aussi quelques originalités cette année. Dans les Alpes-Maritimes et le Var, une campagne de protection thématique autour des églises anglicanes a abouti à l’inscription de cinq édifices. La Holy Trinity Church de Nice et la Saint Georges Church de Cannes sont désormais protégées. Une autre inscription d’église ne sera pas passée inaperçue en 2020 : celle de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre. Une carence qu’il fallait réparer pour certains, mais pour d’autres, une « insulte à la mémoire des communards » en cette année du 150e anniversaire de la Commune. Haut lieu touristique, ce symbole contre-révolutionnaire construit sur la colline emblématique de l’insurrection devrait accéder au classement dès 2021. En contrebas, le square Louise-Michel fait également partie de l’ensemble protégé.
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Malgré la crise, le nombre de protections « monument historique » faiblit peu
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°568 du 28 mai 2021, avec le titre suivant : Poursuite des protections « MH » malgré la crise