Les monuments historiques 2021 font la part belle à l’archéologie

France. De la grotte de Bruniquel (Tarn-et-Garonne) occupée par Néandertal il y a 180 000 ans, aux grottes de béton conçues dans le Finistère par l’architecte breton Roger Le Flanchec pour ses riches clients dans les années 1960, les nouveaux sites accédant au classement monument historique en 2021 recouvrent la quasi-totalité de l’histoire de l’occupation humaine en France. Avec un accent mis sur les sites archéologiques, qui étaient sept à rejoindre le plus haut degré de protection l’année dernière.

La liste publiée au Journal officiel, le 15 mai, fait état d’une reprise des protections après un léger creux lors de l’année 2020 : deux cent cinquante et un nouveaux sites sont inscrits et trente-cinq sont classés. Dans l’ordre chronologique, on retrouve les étranges formations de Bruniquel, des stalagmites détachées et disposées en cercle par notre lointain ancêtre [voir ill.]. Découverte en 1990, c’est pour l’heure la plus ancienne construction humaine connue. Puis il faut faire un bond dans le temps pour rejoindre le second site classé, la grotte du Roche-Cotard (Indre), dont l’occupation par Néandertal aurait eu lieu il y a 75 000 ans. Ce classement valorise le patrimoine paléolithique du Val de Loire, qui compte deux grottes ornées (Roche-Cotard, et la grotte Blanchard, en cours de classement).

Deux sites archéologiques majeurs rejoignent également la liste des immeubles classés. La nécropole mérovingienne d’Audun-le-Tiche (Moselle), mise au jour en 1970, est protégée avant une campagne de restauration programmée en 2023. Le site mosellan est remarquable pour la cohabitation des quelque deux cents tombes du VIIe siècle, avec un sanctuaire datant de l’époque gallo-romaine. À Fréjus (Var), c’est le site du vivier romain qui est enfin classé, douze ans après sa découverte par le service d’archéologie municipal. Cet exemple de bassins à poissons, avec son système de mise en eau, est visible dans une crypte archéologique. Enfin, le site de l’Anse-à-Henry (Saint-Pierre-et-Miquelon) est le seul bien ultramarin classé cette année : une fouille entamée il y a vingt ans livrait, encore l’été dernier, des témoignages d’occupation amérindienne sur quatre millénaires.

Plus près de nous, le patrimoine mémoriel est bien représenté, dans la continuité de la campagne de protection lancée pour le centenaire de l’armistice, en 2018. Neuf monuments aux morts de la région Auvergne-Rhône-Alpes accèdent ainsi au classement, dont celui de Saint-Étienne (Loire), et le monument aux morts de la communauté italienne, situé dans le cimetière de la Guillotière à Lyon (Rhône).

À Paris, c’est un immeuble de l’architecte Robert Mallet-Stevens édifié en 1929, sis 7, rue Méchain, qui obtient le classement de ses façades ainsi que d’une grande partie de ses aménagements intérieurs d’origine. Le seul édifice industriel portant la signature du Corbusier, l’usine Claude-et-Duval à Saint-Dié-des-Vosges (Vosges), est également classée. Modernisme toujours, la protection du site de Cap Moderne, autour de la villa E-1027 d’Eileen Gray, s’étend aux unités de camping du Corbusier, ainsi qu’au restaurant L’Étoile de mer, décoré de fresques par l’architecte. Un phare de la modernité… dominé par la grotte du Vallonet, déjà classée en 2004, et fréquentée par l’homme il y a 1,15 million d’années.