Le plan de rénovation à 650 millions d’euros du Muséum de Londres

Le Musée d’histoire naturelle de Londres prépare son plus grand déménagement depuis 140 ans, placé sous le signe du développement durable. Le programme d’agrandissement du musée commence par la rénovation du bâtiment historique de style victorien à South Kensington. Les quatre galeries existantes, dont la très fréquentée galerie des dinosaures, seront bientôt en travaux pour une réouverture prévue en 2031 qui saluera les 140 ans du musée. 

La Galerie des origines et l’ancien herbier général fermés respectivement en 2004 et 1948, aujourd’hui utilisés comme des espaces de stockage des collections, vont être aménagés pour pouvoir accueillir de nouveaux espaces d’exposition. Ce réaménagement va permettre l’ouverture d’une nouvelle galerie permanente intitulée « Réparer notre planète brisée » qui ouvrira en 2025, elle sera gratuite.

Outre les restructurations du site historique, le musée va opérer un déménagement d’ampleur. Un tiers des collections va être transféré au Thames Valley Science Park, un centre universitaire scientifique situé dans la banlieue ouest de Londres. Ce déménagement permet de libérer deux espaces d’exposition du musée de South Kensington (soit 40 % de surface en plus) et de protéger les collections qui sont exposées à des détériorations dans les salles de stockage actuelles. 

Ce nouveau lieu est bien plus qu’une annexe du musée, il s’agit d’un nouveau centre de recherche, de conservation-restauration et de numérisation des collections. Il devrait ouvrir en 2027. Il accueillera 28 millions de spécimens issus des collections. On pourra y voir les collections moléculaires et micropaléontologiques, des sédiments des fonds marins ainsi que 445 000 objets transférés de la bibliothèque de South Kensington. Une biobanque avec des échantillons de tissus génétiques et un laboratoire de recherche viendront compléter les infrastructures du musée. 

Le plan de modernisation comprend aussi une vaste campagne de numérisation des collections. Plus de 138 millions d’objets sur 4,6 milliards d’années sont en cours de numérisation ; actuellement seulement 6 % de la collection est numérisée soit 5,4 millions de spécimen, selon les dernières estimations du Musée national d’histoire naturelle. La numérisation des collections permet de limiter les interactions avec les objets physiques et par la même d’éviter les dommages que pourraient subir les objets. Elle permet aussi aux scientifiques de trouver un contenu plus facilement et avec plus de précision. « Ce programme permettra aux chercheurs du Royaume-Uni et du monde entier d’utiliser les collections du musée pour trouver des solutions aux problèmes mondiaux en aidant les scientifiques face au changement climatique (…) », explique Michelle Donelan, l’ancienne secrétaire d’état aux Sciences, à l’Innovation et à la Technologie. La numérisation de papillons du musée permet par exemple de diagnostiquer des changements environnementaux. 

Le budget total du plan de rénovation s’élève à 650 millions d’euros soit 550 millions de livres sterling. Le gouvernement a financé 201 millions de livres pour le nouveau centre de recherche et pour le déplacement des collections. UK Research and Innovation (UKRI) a financé 155 millions de livres pour le programme de numérisation des collections. Le musée va lancer une levée de fonds de 150 millions de livres auprès de sponsors pour boucler le budget de rénovation. 

Le musée d’histoire naturelle accueille plusieurs millions de visiteurs chaque année. La collection du musée est une des collections scientifiques les plus importantes au monde avec 80 millions d’objets au total et plus de 50 milliards de téléchargements de données numériques. La collection couvre de multiples disciplines, de la botanique et de la zoologie à la paléontologie et à la minéralogie, ainsi qu'une bibliothèque, des archives et une collection d'art substantielles.