PARIS
Les lecteurs du site Mitterrand doivent maintenant réserver leurs documents la veille pour les consulter le lendemain matin.
Les nouvelles modalités de communication d’ouvrages sur le site François Mitterrand de la Bibliothèque nationale de France (BNF) agacent certains utilisateurs. Le sénateur des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias s’en est fait l’écho en posant une question écrite au ministère de la Culture sur les moyens qu’il compte mettre en œuvre pour faire machine arrière. D’après lui, mise en place pour faire des économies, cette mesure pénalise des milliers d’étudiants-chercheurs.
Il y a quelques jours, le fonctionnement des salles de lecture du site François Mitterrand de la Bibliothèque nationale de France a en effet été modifié. Désormais, les lecteurs doivent réserver tous leurs documents à accès restreint la veille de leur venue pour en disposer dès le lendemain matin. Ils pourront commander d’autres documents sur place mais uniquement l’après-midi, de 13h à 17h. Cette nouvelle mesure ne s’applique qu’au site François Mitterrand, et non à ceux de Richelieu, de l’Arsenal ou de l’Opéra, comme indiqué sur le site internet de la bibliothèque.
Cette mesure s’accompagne de nouveaux services. Les lecteurs pourront consulter jusqu’à 25 documents par jour en combinant la réservation à l’avance et la communication sur place. Ils bénéficieront de la gratuité de la reproduction des microformes et d’un accès à certaines ressources électroniques à distance. D’autres évolutions sont prévues d’ici la fin de l’année.
Pierre Ouzoulias dénonce une « dégradation du service rendu par la bibliothèque à un public qui a besoin de disposer aisément de ressources qui ne sont disponibles dans aucune autre bibliothèque ». Il a le sentiment que les lecteurs font les frais d’une économie menée par la bibliothèque pour faire face à une augmentation de ses coûts.
Engagée dans des investissements lourds (réouverture du site de Richelieu), la BNF doit répondre à un surcoût de 5,5 millions d’euros en 2022. En novembre dernier, la commission du Sénat pour la culture, l’éducation et la communication, invitait la bibliothèque à « élaborer un calibrage budgétaire précis » pour absorber ce dépassement.
La bibliothèque nationale de France, pour expliquer cette nouvelle mesure, invoque une prise en compte de l’évolution des usages des lecteurs du site François Mitterrand. « Les évolutions mises en place à partir du 2 mai s’appuient sur une expérimentation en salle de lecture qui a eu lieu en 2021 et tiennent compte des indicateurs de fréquentation et de communication des documents en bibliothèque de recherche depuis 10 ans », indique le site web.
Elle constate que les demandes de communication ont baissé de 44 % et que les réservations à l’avance ont augmenté. Elle observe que l’affluence la plus importante en salle de lecture se situe entre 12h et 19h. Elle note que 44 % des visites en bibliothèque de recherche se font sans communication de documents. Elle dit aussi prendre en compte les conditions de travail de ses agents. La réservation à l’avance leur permettrait de préparer en amont les documents.
Plusieurs lecteurs ont donc protesté contre cette nouvelle mesure. Francisco Roa Bastos, le président de l’Association des lecteurs et des usagers de la Bibliothèque nationale de France, demande son retrait : « Car elle témoigne d’une méconnaissance de la pratique du métier de chercheur, et remet en cause ce qui faisait la valeur de la BnF à nos yeux : la possibilité d’y mener des recherches complexes, aux ramifications souvent imprévues, qui nécessitent de pouvoir consulter parfois de grandes quantités d’ouvrages dans un délai resserré », indique-t-il dans un courrier qu’il a adressé à la présidente de la bibliothèque Laurence Engel.
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Le nouveau fonctionnement de la BNF ne plaît pas à tout le monde
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