PARIS
Dernières caisses à transporter, ultimes pièces de musée à poser dans les vitrines : le « déménagement du siècle » s'achève en plein Paris, celui de la Bibliothèque Richelieu (BnF), au terme de longs travaux.
Ce chantier très contraint, entamé en 2010 dans le centre de la capitale, sera terminé fin juin. Et le 17 septembre, ce sera la réouverture complète au public.
Richelieu traînait une image austère de trou à rats de bibliothèque, celle par exemple de l'ermite Gustave Flaubert passant sa journée dans le Cabinet des médailles pour examiner des monnaies antiques mentionnées dans son roman Salammbô. Outre une remise aux normes indispensable, c'est cette image qu'il a fallu casser, en rendant les lieux plus ouverts, fonctionnels et aérés. L'ancienne salle de lecture fréquentée par Flaubert devient ainsi une partie du musée qu'inaugurera la BnF pour les Journées européennes du patrimoine.
« Ces salles, dont certaines étaient accessibles au public, n'étaient pas pensées comme musée. Cette fois, c'est exposé et ouvert à tous », explique à l'AFP la présidente de la BnF, Laurence Engel.
Chez le cardinal Mazarin
L'un des trésors exposés est le trône du roi Dagobert (« fin VIIIe siècle-IXe siècle », lit-on), en bronze, abîmé par Napoléon Ier et réparé comme il le pouvait par son ferronnier. Derrière lui, l'espace phare sera la galerie Mazarin entièrement rénovée, longue de 46 mètres, avec fresques baroques. Chez le cardinal Jules Mazarin, où déambulaient les hôtes de marque au XVIIe siècle, Parisiens et touristes observeront des joyaux tirés des collections, qui changeront régulièrement.
La vocation muséale du site remonte à loin, rappelle Mme Engel : « L'idée de montrer au public des collections, à l'époque royales, idée qui est à l'origine du concept de musée, date de Louis XV. On a lu dans des documents que ce public de curieux n'est pas celui de la Cour de Versailles ».
Le grand changement est aussi en coulisses. Si la BnF s'était étendue avec l'inauguration en 1998 de la Grande Bibliothèque François-Mitterrand, Richelieu souffrait toujours d'un manque criant d'espace. Sans compter la vétusté des lieux. Il a fallu les vider, les rénover, et maintenant les remplir. Les caisses remplies de volumes sont suivies des yeux du début à la fin du parcours par un conservateur pour les plus précieuses. Ce travail, qui approche son terme, fut titanesque.
Hokusai et Mozart
Exemple : « Le Département des Estampes et photographies, c'est aux alentours de 15 millions d'images », détaille Corinne Le Bitouzé, conservatrice au sein de cette division. Et d'ouvrir une boîte de chefs-d'œuvre de Hokusai, dont « des experts japonais nous ont dit qu'ils ne les connaissaient pas » après les avoir découverts à Paris.
Richelieu renferme nombre de ces perles du patrimoine culturel mondial. Quand le président Emmanuel Macron était venu visiter le chantier en septembre 2021, on lui avait par exemple présenté un plat romain en argent du Ier siècle, ou le manuscrit du Don Giovanni de Mozart. « Ce cheminement, comme ça, à travers les époques... », s'était-il ébahi.
Julie Garel-Grislin, du Département des Cartes et plans, ouvre une boîte : c'est le Globe vert de 1507, le premier où est inscrit « America ». Très fragile évidemment, il bénéficiera de conditions de température et d'hygrométrie idéales. « Maintenant, nous avons la place pour exposer verticalement nos cartes très grand format, au lieu de devoir les laisser en permanence dans des rouleaux. Ça change tout », dit-elle.
Le quartier, peu pourvu en espaces verts, profitera aussi d'un nouveau jardin public, rue Vivienne, qui « valorisera un ensemble de plantes papyrifères ». Et un enfant peu tenté par le musée pourra préférer la majestueuse salle de lecture, la salle Ovale, avec ses 9 000 bandes dessinées en accès libre.
Les travaux ont coûté 248 millions d'euros, indique le site internet de la BnF.
Cet article a été publié par l'AFP le 26 avril 2022.
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À la BnF Richelieu à Paris s'achève le « déménagement du siècle »
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