PARIS
À l’issue de cette seconde session de travaux, à l’horizon 2021, la BNF espère faire du site Richelieu une vitrine de son patrimoine exceptionnel.
Paris. Les restaurateurs s’activent sur les fresques du plafond XVIIe de la galerie Mazarine, les couvreurs fixent les feuilles de zinc sur la toiture, tandis que la salle Ovale est obstruée par une gigantesque forêt d’échafaudages de 18 mètres de haut : depuis 2010 et jusqu’en 2021, le site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France (BNF) vit au rythme des rénovations.
À l’issue de la première phase de travaux en décembre 2016 (lire le JdA no 470, 6 janvier 2017), les bâtiments situés le long de la rue Richelieu ont été rendus aux agents et aux usagers de la BNF, de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) et de l’École nationale des chartes. La deuxième phase, qui court le long de la rue Vivienne, est exclusivement réservée à la BNF. Lancée en avril 2017, elle couvre 28 000 mètres carrés de chantier, pour un budget de 115 millions d’euros toutes dépenses confondues, la moitié de l’enveloppe globale de 231 millions d’euros. « Cela représente 20 lots d’entreprises, dont 4 lots pour la salle Ovale et 12 000 heures de travail pour 34 restaurateurs rien que pour la galerie Mazarine », détaille Clarisse Mazoyer, présidente de l’Oppic (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture).
La seconde tranche de travaux est donc tout aussi titanesque que la première, puisqu’elle comprend les espaces patrimoniaux du futur « musée de la BNF » (galerie Mazarine, galerie Mansart, salle des Colonnes, cabinet précieux, salle de Luynes), les toitures classées et la salle Ovale, emblématique salle de lecture de la bibliothèque.
« Il s’agit de développer la partie culturelle du site Richelieu, de l’ouvrir à un plus large public. Surtout, de montrer ce joyau de la politique culturelle de la France, cette profondeur historique riche de 650 ans d’histoire », explique Laurence Engel, présidente de la BNF.
« Ouvrir à tous » est le leitmotiv du projet : une fois le chantier achevé, la salle Ovale sera en accès libre. Son fonds, riche de 20 000 volumes, couvre les domaines de l’histoire des arts et du patrimoine, mais également de la bande dessinée et des arts numériques, et comprend des collections spécialisées (manuscrits, estampes, cartes et plans). La salle sera intégrée dans le parcours de visite du quadrilatère et le visiteur aura à sa disposition dispositifs numériques et outils de médiation. C’est une nouvelle orientation pour cette salle, inaugurée en 1936 et auparavant dévolue à la communication des périodiques. Laurence Engel espère « rééditer ici la petite révolution de la BNF François-Mitterrand » : avec 150 places assises en salle Ovale (900 sur tout le site Richelieu) contre 3 000 sur le site Mitterrand, la révolution jouera sans doute plus au niveau des visiteurs qu’à celui du lectorat.
En phase 2 se joue en effet la création du « 26e passage parisien », une circulation créée entre la rue Richelieu et la rue Vivienne pour les riverains, les passants et les touristes. Censé « débunkeriser » le quadrilatère, ce passage devrait également conduire des visiteurs au nouveau « musée de la BNF », projet dans le projet.
Les 500 mètres carrés de l’ancien Cabinet des médailles, à la scénographie surannée et aux dimensions exiguës, sont multipliées par deux dans une muséographie confiée à l’agence italienne Guicciardini & Magni Architetti. Avec la galerie Mazarine, la salle des Colonnes, le cabinet précieux, la salle de Luynes et la rotonde des Arts du spectacle (ouverte en 2016), le musée disposera de plus de 1 000 m2 pour développer un parcours chronologique à travers les collections de la bibliothèque. « Il y aura des rotations très fréquentes, tous les quatre mois pour les supports papier, des accrochages annuels pour différents focus, et, tous les trois ou quatre ans, un nouvel accrochage complet de la galerie Mazarine », annonce Laurence Engel.
Morceau de bravoure dans le circuit du musée, la galerie Mazarine, vestige du palais XVIIe du cardinal Mazarin, est en pleine restauration. Les fresques de Giovanni Francesco Romanelli, exécutées entre 1646 et 1647, très endommagées et remaniées au XIXe siècle, recouvrent leur minéralité première. La salle des Colonnes, divisée par une mezzanine au XXe siècle, retrouve, elle, sa volumétrie d’origine. Enfin, le Cabinet du roi ou « salon Louis XV », aux menuiseries recouvertes d’un vert impérial, va regagner sa couleur rosée originelle tandis que les toiles de Boucher, Natoire et Van Loo vont être restaurées grâce au mécénat.
Reste aujourd’hui à choisir le projet d’artiste parmi les cinq finalistes candidats au 1 % artistique pour le réaménagement du jardin Vivienne, obstrué depuis près de dix ans par des constructions modulaires : le projet sera sélectionné cet été et annoncera la dernière ligne droite avant 2021.
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Phase 2 pour Richelieu
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°521 du 12 avril 2019, avec le titre suivant : Phase 2 pour Richelieu