PARIS
La Cour des comptes s’inquiète du déficit structurel du Muséum national d’histoire naturelle, plombé notamment par une fréquentation surestimée du zoo de Vincennes.
PARIS - C’est un constat particulièrement « alarmant », pour reprendre son terme, que la Cour des comptes dresse de la situation financière du Muséum national d’histoire naturelle. La raison première en est le déficit d’exploitation du parc zoologique de Paris. Le budget prévisionnel 2015 tablait sur 1,7 million de visiteurs alors que la fréquentation a été de 912 000 personnes. Or la rénovation du zoo a été confiée à une société tierce dans le cadre d’un contrat de partenariat public-privé qui a pris à sa charge les coûts de rénovation contre une redevance annuelle fixe pendant vingt-cinq ans. Ce déficit structurel que la Cour estime à 7,4 millions d’euros pèse sur l’établissement public dans son ensemble ; ce mastodonte qui emploie 1 700 agents est doté d’un budget de 114 millions d’euros et administre un centre de recherche, un lieu de formation, plusieurs jardins botaniques (dont le Jardin des plantes à Paris) et plusieurs musées dont le Musée de l’Homme. Un Musée de l’Homme qui n’est d’ailleurs pas étranger aux difficultés économiques de l’établissement dont les magistrats pointent « l’explosion » des coûts de rénovation, passés de 52,3 millions d’euros pour une livraison prévue en 2012 à 92,3 millions d’euros pour une ouverture en 2015.
Une gouvernance problématique
La Cour en profite pour examiner la gouvernance qu’elle qualifie de « mal adaptée à des missions multiples ». Elle décrit les crises qui ont traversé la direction de l’établissement, dont il ressort que le personnel a un pouvoir prépondérant. Il a ainsi obtenu de pouvoir travailler 1 480 heures par an soit 8 % de moins que la durée légale. La simple application de la loi permettrait de réduire les effectifs d’une centaine d’agents, précise le rapport. La Cour demande également la suppression du corps spécifique des 237 enseignants-chercheurs, un nombre disproportionné par rapport aux 180 étudiants. En réponse, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR) – tutelle de l’établissement – et le Muséum s’opposent à cette suppression et expliquent que le faible temps d’enseignement est compensé par les multiples missions de recherche effectuées sur les collections. De même, le MESR, dont le rapport pointe la « passivité », refuse la proposition de transfert du Muséum sous la tutelle conjointe des ministères de la Recherche et de la Culture.
Des marges de manœuvre existent. La Cour recommande de fermer ou recentrer certains sites en régions. Elle note le faible nombre de visiteurs de l’Arboretum de Chèvreloup (dans le prolongement du château de Versailles) ou de la réserve de la Haute-Touche dans l’Indre. Elle recommande à demi-mot de vendre les terrains proches du Jardin des plantes, situés en plein centre de Paris et qui abritent une partie des collections. On relèvera avec amusement que si Bercy approuve comme à l’accoutumée les recommandations des magistrats de la Rue de Cambon, Ségolène Royal, la ministre de l’Environnement, « partage les recommandations de la Cour et demande au président du Muséum de les appliquer ».
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Le Muséum national d’histoire naturelle dans l’impasse
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Abonnez-vous dès 1 €La Galerie de l'Homme, avec l'installation de l'envoleÌe des bustes, Musée de l'Homme, Paris © Photo Nicolas Krief / courtesy Muséum national d'histyoire naturelle
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°473 du 17 février 2017, avec le titre suivant : Le Muséum national d’histoire naturelle dans l’impasse