Le projet, inspiré du Guggenheim de Bilbao, avait rencontré une forte opposition dans l’archipel.
Le Musée Rodin renonce à son projet d’antenne à Santa Cruz de Tenerife, une ville portuaire des îles Canaries en Espagne, suite aux critiques de plusieurs politiciens, éducateurs et personnalités du monde de l'art espagnols. Selon El País, l’information a été annoncée dans une lettre signée par la directrice du Musée Rodin de Paris, Amélie Simier, et adressée à José Manuel Bermúdez, maire de la capitale de Tenerife et ardent défenseur du projet. « Nous devons conclure que les conditions ne sont actuellement pas réunies pour que la ville de Santa Cruz de Tenerife accueille un projet de musée international », peut-on lire dans la lettre de quatre pages, qui déplore « les déclarations malheureuses d'une partie du secteur culturel, universitaire ou politique ».
Les autorités de Tenerife avaient officialisé l'accord avec Paris il y a un an, dans l'espoir qu'une antenne dédiée au sculpteur français Auguste Rodin transformerait la ville en une destination culturelle au même titre que Bilbao, dans le nord de l'Espagne, qui abrite une antenne du Musée Guggenheim. L'antenne Rodin devait ouvrir ses portes dans un bâtiment néogothique restauré du parc culturel et végétal Viera y Clavijo et coûter 16 millions d'euros.
Toutefois, ce projet coûteux a été dénoncé par des personnalités du secteur culturel et politique des îles Canaries comme un gaspillage de l'argent des contribuables. Les critiques ont également mis en question la logique de construire un tel musée dans un archipel (au large des côtes marocaines), qui n'a aucun lien artistique ou biographique avec le sculpteur.
Rodin a légué ses œuvres, ses archives, ses moulages et ses droits d'auteur à l'État français. Cela a conduit à la création à Paris du Musée Rodin, dans l’hôtel de Biron du VIIe arrondissement parisien, une propriété publique mais qui doit s'autofinancer à 100 %. La vente de billets couvre une grande partie des dépenses mais environ 25 % proviennent de la vente des éditions originales, c'est-à-dire des œuvres créées à partir des moules du sculpteur. L'artiste avait légué cette tâche au musée.
Le conseil municipal de la mairie de Santa Cruz de Tenerife, présidé par Manuel Bermúdez avait approuvé le 19 décembre l’emprunt pour acquérir 68 pièces créées à partir de ces moules. L’opposition s’était alors opposée à ce projet, qui a suscité un débat entre ceux qui défendent l'originalité de ces pièces et ceux qui les qualifient de copies, même si elles proviennent des moules de Rodin.
L'Instituto de Arte Contemporáneo de Canarias (IAC Canarias), une association qui promeut l'art produit par des citoyens canariens, a déclaré que les copies n'ont pas « la même valeur économique ou la même pertinence artistique » que les œuvres uniques, et que par conséquent elles n'ont pas l'attrait de l'exclusivité que le conseil de Tenerife met en avant.
Le Musée Rodin a souligné dans une déclaration que le musée aurait abrité des galeries consacrées à l'art des îles Canaries, ainsi qu'un espace dédié à l'histoire de Tenerife en tant que vitrine internationale de la sculpture. Ce n'était pas suffisamment convaincant pour les protestataires. Le IAC Canarias plaide ainsi pour que les institutions publiques défendent un modèle qui « s'engage à la durabilité économique » et donnent la priorité « aux valeurs culturelles existant sur l'île et non aux valeurs étrangères ».
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Le Musée Rodin abandonne son projet d'antenne aux Canaries
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