Musée

Nancy vote pour son Musée lorrain

Le Musée lorrain, un projet évolutif et participatif

Lancé en 2012, le projet d’extension du Musée lorrain s’est redéfini au fil des découvertes archéologiques. La polémique a été désamorcée par la consultation publique

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 8 novembre 2016 - 783 mots

NANCY

Le projet d’extension du Musée lorrain à Nancy, lancé en 2000, va enfin pouvoir démarrer. Tenant compte des critiques venues d’associations patrimoniales, la municipalité a soumis au vote des habitants deux projets. C’est celui qui conserve le plus d’éléments anciens qui a été approuvé. La surface de l’édifice contemporain projeté a été réduite de moitié.

Nancy - Le projet d’extension du Musée lorrain, voulu par la Ville de Nancy depuis le début des années 2000 et voté en 2012, semble enfin stabilisé après trois années de frictions entre la municipalité et les défenseurs du patrimoine. Un débat qui a pu ressembler à une nouvelle querelle des Anciens et des Modernes.

Le projet était sensible : situé à deux pas de la place Stanislas, le palais des ducs de Lorraine est un petit bijou architectural du gothique flamboyant, ouvrant sur une cour mitoyenne du jardin du palais du Gouvernement. Le musée est littéralement situé dans le saint des saints du patrimoine nancéen.
Si la nécessité d’une rénovation du palais, d’une refonte de la muséographie et d’une modernisation des espaces recueille l’assentiment de toutes les parties, le projet retenu en 2013 après concours d’architecture va donner lieu à un débat enflammé. L’agence Dubois et associés propose à la municipalité un principe de « musée-promenade », réinvestissant la cour du palais en créant un long pavillon en verre sérigraphié en lieu et place des bâtiments séparant la cour du musée et le jardin du palais du Gouvernement. Les défenseurs du patrimoine sont alarmés par la destruction envisagée d’un long mur d’enceinte daté du XVIIIe siècle et de deux bâtiments, d’une écurie du XVIIIe fortement remaniée au XIXe et d’un corps de gendarmerie construit au XIXe. La polémique enfle petit à petit à Nancy.

En 2015, si la Commission des monuments historiques donne son accord de principe au projet, elle commande parallèlement un rapport d’expertise de l’Inrap (Institut national de recherches archéologies préventives) sur les bâtiments promis à la destruction. Ce rapport, rendu en 2016, incite le ministère de la Culture à demander la sauvegarde du mur d’enceinte du XVIIIe, sans se prononcer sur les bâtiments attenants.

Visiteurs consultés
Au printemps, l’architecte Philippe-Charles Dubois a donc dû revoir sa copie, une gymnastique délicate pour respecter les lignes directrices du cahier des charges de 2013, tout en prenant en compte les découvertes archéologiques et le maintien du mur d’enceinte. Cela à coût constant pour la Ville, qui dispose d’une enveloppe budgétaire de 43 millions d’euros qu’elle finance pour un tiers. Laurent Hénart, maire de Nancy, ancien adjoint à la culture, veut surtout désamorcer la contestation –  qui monte également au sein de son équipe, l’adjointe au patrimoine, Françoise Hervé, se déclarant contre l’extension.

Pour éviter que la contestation s’enlise, la municipalité a décidé de soumettre deux nouveaux projets aux Nancéens dans le cadre d’une consultation publique. Entre juillet et septembre, les visiteurs ont été invités à exprimer leur choix entre deux propositions architecturales formulées par l’agence. Le projet retenu fin septembre conserve finalement le mur d’enceinte et l’écurie dont les recherches archéologiques ont montré que la volumétrie et des éléments constructifs dataient effectivement du XVIIIe siècle. À 55 %, les 1 100 votants ont donc choisi de sauvegarder le plus d’éléments anciens possibles. La barre de verre qui doit servir à réorganiser le flux des visiteurs sera réduite de moitié dans la cour du jardin. Seuls 25 % des votants ont souhaité maintenir le bâtiment contemporain dans sa longueur initiale. « La contestation a été bénéfique, elle nous a forcés à démontrer notre envie de construire du positif, analyse aujourd’hui Richard Dagorne, directeur du Musée lorrain. Dès mars 2015, lorsque le maire a découvert l’opposition, il nous a demandé de réfléchir à une formule pour expliquer le fonctionnement du musée et ce que prévoit la rénovation. »

Un « Muséolabo »
Le projet « Muséolabo » est donc issu de la polémique créée par le projet d’extension du musée. Des ateliers thématiques menés par l’une des conservatrices du musée tout au long de l’année invitent les visiteurs et les amateurs du musée à se mettre en position d’utilisateur, à proposer des changements et améliorations. Pour l’accessibilité, des associations de personnes en situation de handicap sont sollicitées ; pour le jeune public, un panel de famille est consulté. De même les dispositifs numériques figurent-ils au rang des thèmes abordés : « Nous avons des propositions très précises. Et sans être dans des choses qui coûtent cher ! », se félicite Richard Dagorne, qui souhaite poursuivre « Muséolabo » en 2017. Grâce à la polémique, le futur Musée lorrain, prévu à l’horizon 2020, n’aura jamais été aussi à l’écoute de ses visiteurs, ce qui crée une attente d’autant plus forte.

Légende photo

Le projet retenu de rénovation du Musée Lorrain de Nancy par l'agence Dubois & Associés © Variantea

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°467 du 11 novembre 2016, avec le titre suivant : Le Musée lorrain, un projet évolutif et participatif

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