NANCY
Le projet d’extension du musée nancéien a été annulé par le tribunal administratif. La nouvelle Mairie planche sur une proposition alternative.
Nancy. « Réviser à la baisse le projet de rénovation-extension du Musée lorrain », était déjà l’une des promesses du candidat PS à la mairie de Nancy en 2014. Malheureux il y a six ans, Mathieu Klein a ravi lors des élections municipales de juin 2020 le siège de Laurent Hénart (LR), avec la même intention de remanier l’extension du Musée lorrain. Le tribunal administratif nancéien est allé dans le sens du nouvel édile le 15 décembre dernier, en annulant l’autorisation des travaux, à la suite d'une requête de l’association pour le patrimoine et le rayonnement de Nancy.
Le jugement donne raison aux militants associatifs qui dénonçaient la non-conformité du projet avec le plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) protégeant le centre-ville. La destruction programmée de plusieurs bâtiments pourtant « hachurés en noir » sur le plan d’urbanisme – ce qui signale les immeubles à « conserver et restaurer » –, ainsi que l’absence d’harmonie avec le bâti ancien que présente l’extension moderne couverte de verre sérigraphié, expliquent la décision du tribunal.
Évoqué dès 2000, puis lancée par un concours d’architecte en 2012, l’extension du palais des ducs de Lorraine bâti au XVIe siècle s’enlise par l’opposition qu’elle suscite, mais également en raison de plusieurs appels d’offres infructueux concernant les extensions du sous-sol et les façades vitrées. « Je fais le constat d’un projet au point mort », notait Mathieu Klein lors de sa dernière campagne municipale. Plutôt qu’un projet polémique et coûteux (40M €), le futur maire traçait alors les lignes d’un chantier plus frugal, axé sur la mise en accessibilité des lieux pour les visiteurs à mobilité réduite et la valorisation des collections.
La nouvelle municipalité travaille depuis le mois d’août à un projet alternatif. Un avenant au marché public a été publié le 2 novembre, sans toutefois totalement rassurer les opposants au projet. Françoise Hervé, ancienne adjointe au patrimoine – remerciée en 2017 par Laurent Hénart pour avoir voté contre l’extension – relève ainsi que le cabinet Dubois et associés, « responsable de cette bérézina », est reconduit en tant que maître d’œuvre. L’avenant comporte des études portant « sur la réduction de l’emprise de l’extension en sous-sol, et sur la réduction de la volumétrie du bâtiment dans le jardin ». « Ça laisse quelques doutes sur la direction du projet, alerte l’ancienne élue, on peut soupçonner que la façade en verre sérigraphié ne sera pas totalement exclue. »
Candidate (indépendante) aux dernières élections, Françoise Hervé souhaiterait apporter son expertise à la réorientation du projet : « Je connais très bien le lieu, et je suis l’une des rares personnes à avoir posé des questions et trouvé les solutions », affirme-t-elle. Pour cette figure de la défense du patrimoine nancéien, le palais du gouvernement attenant, et pour l’heure sans affectation pérenne, est une extension toute trouvée au Musée lorrain. Les bâtiments voués initialement à la destruction pourraient également augmenter la surface du musée. « Pourquoi creuser des mètres carrés alors qu’on en détruit par ailleurs ? », s’interroge-t-elle.
Encore en gestation, l’extension-rénovation revue à la baisse devrait être précisée en février prochain. Pour l’heure, la Mairie rappelle que le projet n’est pas « enterré ». Sa nouvelle mouture devra être mise en conformité avec un PSMV remanié à l’initiative de l’ancienne équipe municipale, et adopté en décembre 2019. Dans ce nouveau document, les protections autour du palais des ducs de Lorraine sont largement amoindries. « Mais même dans cette nouvelle version, l’extension telle quelle ne pourra être reprise », assure Françoise Hervé.
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Nouveau retard pour le Musée lorrain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°558 du 8 janvier 2021, avec le titre suivant : Nouveau retard pour le Musée lorrain