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Éditorial

La résilience du marché de l’art

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 22 septembre 2021 - 440 mots

MONDE

Économie. Alors que l’on commence à voir le bout du tunnel de la crise sanitaire et économique, des indicateurs viennent confirmer ce que nombre de signaux laissaient entrevoir : la résilience du marché de l’art en général et des galeries en particulier.

Vue de l'édition 2021 d'Art Paris au Grand Palais éphémère. © Adèle Savatier
Vue de l'édition 2021 d'Art Paris au Grand Palais éphémère.
© Adèle Savatier

Le chiffre d’affaires (CA) de ces dernières n’avait baissé que de 20 % en 2020, un moindre mal en regard de la violence de la crise. Et avec le déconfinement, elles ont regagné une partie du terrain perdu, selon le rapport Art Basel/UBS produit par Clare McAndrew : un CA en hausse de 18 % en Asie et de 15 % aux États-Unis entre le premier semestre 202O et celui de 2021.

Trois raisons au moins expliquent cette résilience. D’abord les riches n’ont pas souffert de la crise ; ceux qui ont un patrimoine financier (hors immobilier et bien professionnel) supérieur à 1 million de dollars ont pu augmenter leur achat d’œuvres d’art de 42 % (médiane des achats) par rapport à 2019 (avant la crise). Deuxième raison : la montée en puissance des transactions via le numérique, que l’on mesure par le poids de ce canal dans le CA des galeries : 37 %. Les riches millennials (âgés entre 25 et 35 ans) achètent aussi facilement un tableau sur Instagram qu’une pizza sur Uber Eats. Troisième raison : le canal numérique permet de trouver de nouveaux clients (38 % des acheteurs « numériques » sont de nouveaux prospects). Or les achats en ligne ne coûtent pratiquement rien, en tout cas nettement moins que les ventes en foire, de sorte que, grâce à des frais moindres, les galeries ont pu amortir la crise.

Les foires, justement, reviennent en force cet automne, plus que d’habitude même avec le report des éditions du printemps. C’est l’opportunité pour les galeries de rebondir plus vite, car il est fort probable que les ventes en ligne vont continuer à prospérer, venant ainsi s’ajouter aux ventes dans les foires qui représentaient avant la crise une part importante du CA des galeries. Mais il ne faut pas en attendre tout de suite des miracles en raison des restrictions de circulation entre les pays.

S’il y a un pays qui attend avec impatience la réouverture des foires, c’est bien la France où les galeries sont à la peine. Handicapées par leur fermeture pendant deux mois au printemps 2021, elles affichent une baisse de CA de 6 %, comme un peu partout en Europe. Ce chiffre moyen cache des disparités : les galeries les plus « commerçantes », celles qui ont su garder un lien étroit avec leurs clients depuis mars 2020, s’en sortent mieux que les galeries de découverte. La résilience n’est pas la même pour tous.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°573 du 17 septembre 2021, avec le titre suivant : La résilience du marché de l’art

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